Le Généraliste : Que vous inspirent les réponses des généralistes à notre sondage ?
Didier Tabuteau : Le score très important réalisé par l’item « médecin traitant » à la première question est compréhensible ; c’est un dispositif majeur qui a marqué l’ensemble de la profession. Tous les autres points qui sont évoqués sont des pointillés dans l’évolution du cadre de l’exercice, il est donc assez logique que les réponses ressortent de façon équivalente. Hormis l’EPP, tout le reste est à peu près au même niveau. Cela étant dit, il y a un item qui m’aurait paru naturel d’ajouter, c’est celui de la pression de la maîtrise des dépenses. Ou les capi. Cette démarche nouvelle d’individualisation des relations entre médecins et caisses, constitue un des éléments de la décennie véritablement important sur lequel les médecins généralistes ont sans doute une réaction forte.
Sommes-nous à un tournant dans l’exercice de la médecine générale?
D.T. Je crois qu’en ce moment, on rebat complètement les cartes. Je suis frappé de voir qu’il n’y a plus de tabou autour des modes de rémunérations qui ne soient pas exclusivement du paiement à l’acte. C’est une rupture idéologique considérable. Certes, elle n’a pas encore produit d’effets très marquants, mais je crois vraiment que nous sommes face a une médecine générale qui se cherche et qui aujourd’hui, dans le système, en fait évoluer toutes les frontières. C’est une période de très grande instabilité, au sens d’instabilité créatrice.
Le score important réalisé par « l’essor des techniques », vous a-t-il surpris ?
D.T.Oui, pour moi qui ne suis pas médecin, cela a été une surprise. C’est extrêmement intéressant. Cela montre que la part technique est fondamentale dans la perception de l’évolution des choses et cela me conforte dans l’idée que pour bien mesurer l’évolution du système de santé, notamment pour se projeter à dix ans, il faut absolument faire un travail sur les innovations et les évolutions techniques qui sont en cours. Ce qui me frappe également, c’est le premier résultat : que la prise en charge de façon chronique des maladies graves ne soit pas perçue comme un élément de changement très important.
Et sur la question qui concerne les patients…
Ja constate avec satisfaction que la création de la CMU et la généralisation de la carte vitale -donc des éléments très concrets de l’accès aux soins- remportent plus de 50% dans l’appréciation des médecins. Enfin, à titre personnel, pour avoir beaucoup contribué à la loi du 4 mars 2002, j’ai relevé que le droit d’accès des patients à leur dossier médical n’a pas eu d’incidence notable sur leur pratique, alors que je me souviens que les réticences venaient à l’époque, pour l’essentiel, des professionnels de santé libéraux.
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