Le développement du générique en France est révélateur de la recherche effrénée d’économies par les pouvoirs publics et de la crise que traverse l’industrie pharmaceutique. Solution pour les premiers, soucis pour les seconds, ces médicaments représentent désormais plus du quart du marché du médicament remboursable en volume (17,2 % en valeur) contre 13% il y a dix ans.
Pour en arriver là, les gouvernements qui se sont succédés depuis l’an 2000 ont rivalisé d’initiatives. La plus emblématique reste l’octroi au pharmacien du droit de substitution qui prend effet en janvier 2000. De cette réforme -qui s’imposa sans hostilité du corps médical- date le coup d’envoi des génériques. Pourtant, le boom du marché attendra encore quelques années. En 2000, le générique ne représente que 3 % de la valeur totale du marché, en 2001, il pèse pour 3,5% soit pas beaucoup plus que les 2% de 1997.
Son essor ne date en fait que de la deuxième partie de la décennie, dopé par de multiples facteurs. D’abord l’élargissement régulier du répertoire à la faveur de l’arrivée à échéance de brevets. Ensuite, de nombreuses incitations. A partir de 2003, les TFR (tarifs forfaitaires de responsabilités) calquent le remboursement dans certains classes, sur celui du générique quand celui-ci n’est pas suffisamment dispensé. A partir de 2007, la mesure « tiers payant contre générique », incite les assurés à accepter la substitution. Résultat : en 2008, le taux de substitution à l’intérieur du répertoire atteint 82 % contre à peine plus de 50% quatre ans auparavant.
Pour l’essentiel, c’est au pharmacien que l’on doit cet essor. Pourtant, si la France a rattrapé une partie de l’écart sur les autres pays, le Français demeure moins mangeur de génériques que ses voisins : une boîte sur cinq délivrée dans l’Hexagone contre une sur trois en Allemagne et une sur deux au Royaume-Uni.
Les pouvoirs publics doivent donc trouver autre chose s’ils veulent développer davantage le générique. Tout les y incite : l'Assurance maladie a déjà économisé 4,5 milliards d'euros entre 2000 et 2008 grâce à ces copies de molécules et pour la seule année 2008, le générique a généré près d’un milliard d'euros d'économies. La tendance actuelle vise donc à mettre les médecins à contribution. A vrai dire ce n’est pas si nouveau. En juillet 2002, le C à 20 euros est accordé aux généralistes en échange d’un engagement prescrire davatange en DCI et dans le répertoire. Plus récemment, le CAPI incite à prescrire du générique. Un bon nombre des seize objectifs qu’il propose aux médecins généralistes vise à augmenter leur taux de prescription en génériques sur les anti-dépresseurs, les anti-hypertenseurs, les IPP, les statines ou les antibiotiques.
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