Roselyne Bachelot réussira-t-elle là où tous ses prédécesseurs ont échoué depuis 12 ans ? Si l’on en croit les accents volontaires de la ministre, peut-être bien. Le DPC (développement professionnel continu) dont on attend les décrets d’application pour les semaines à venir ambitionne en tout cas de simplifier le dispositif de FMC-EPP obligatoire.
En théorie, la FMC est obligatoire depuis les ordonnances Juppé de 1996. Et l’Evaluation des pratiques professionnelles (EPP) l’est aussi depuis la réforme Douste-Blazy de 2004. Pas un ministre de la Santé ces dernières années, qui n’ait voulu mettre son grain de sel sur ce dossier : Bernard Kouchner organise l’obligation quinquennale de FMC en 2002, Jean-François Mattei ensuite met en place les conseils nationaux de FMC, Xavier Bertrand arrête le barème de 250 crédits que chaque médecin doit obtenir sur cinq ans,… Et tout d’un coup patatras ! Au printemps 2008, Roselyne Bachelot annonce un changement de cap radical. « Les professionnels de santé n'ont pas besoin d'être surveillés comme des enfants et que l'on vérifie s'ils ont bien effectué telle ou telle démarche de formation, » martèle la ministre de la Santé.
Sur le principe, l’obligation de FMC et d’EPP demeure. Mais le système de crédits est abandonné et le DPC inaugure une fusion des deux démarches, avec une préférence marquée pour l’évaluation des pratiques professionnelles. Sur le plan institutionnel, la ministre, qui a déjà supprimé les Conseils régionaux de FMC dès son arrivée avenue de Ségur, souhaite simplifier le dispositif autour d’un organisme gestionnaire unique qui enregistrera les organismes de formation et d’évaluation et financera les actions. Chaque discipline aura voie au chapitre, puisque les collèges de spécialités pourront se faire entendre au sein d’une commission scientifique indépendante (CSI). C’est à l’Ordre des médecins qu’il reviendra enfin d’attester des efforts de formation/évaluation des médecins.
Le feuilleton de la FMC aura été bien difficile à suivre pour les médecins tant les organismes sont multiples, les intérêts complexes et les réformes incessantes. Pour autant, ces vicissitudes ne les ont pas empêchés de continuer bon an mal an à se former. Selon une récente étude menée par le ministère de la Santé (Drees), en 2008, huit médecins généralistes sur dix déclaraient participer à des sessions de FMC. Certes seul un tiers a pour l’instant engagé une démarche d’évaluation de sa pratique, mais un autre tiers l’envisage sérieusement.
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