Deux anecdotes à vous démotiver d'embrasser cette vocation… Premier remplacement dans les années quatre-vingt chez un médecin qui se disait de « gôôôche ». Cantonné dans la cuisine attenante au cabinet vieillot, toutes autres portes dûment fermées à clef, j’ai pour seule compagnie un vilain lit de camp de l'armée (donc forcément bancal), cause supplémentaire d'insomnie avec le stress.
Pour faire les rares visites – les patients ayant été consciencieusement « briefés » de ma venue –, le médecin a mis à contrecœur à ma disposition une « deuche », le levier de vitesse de ma petite 104 d'étudiant m'ayant lâché en route. Enfin, au retour du médecin de « gôôôche », j’ai la désagréable surprise d’apprendre l'absence de fixe assuré, n'ayant pas signé de contrat au préalable…
Ingratitude
Quelques années plus tard, alors installé dans un petit village de l'arrière-pays languedocien, je suis victime d'un accident de sport qui m'oblige à cesser mon activité pour une bonne semaine. Adhérent depuis une quinzaine d'années d'une association qui garantit l'envoi d’un remplaçant en cas d'urgence, moyennant une petite cotisation de 100 euros mensuels, un monsieur de 71 ans arrive au cabinet.
Étant moi-même hospitalisé, il est reçu par ma compagne, qui lui montre les lieux. Mais la seule préoccupation du remplaçant est de savoir ou se trouvent les réserves de feuilles de soins. Alors que les seules prescriptions qu’il ne fera jamais, toutes indications confondues, sont réduites à de l'amoxicilline et du paracétamol !
De retour de convalescence la veille de son départ, devant le patient, il m'enjoint presque en me suppliant de lui montrer où se trouvent… Les réserves de feuilles de soins, craignant je ne sais plus trop quoi ! Grassement payé par l'association et par moi, hébergé et nourri à l'auberge du village, disposant de mon véhicule pour faire ses visites (pas une « deuche »), ce monsieur se plaignait encore de sa rémunération, comparé à ce qu'il aurait « gagné » ailleurs, c’est-à-dire en ville.
Autant vous dire que ma réponse au questionnaire de satisfaction (délation) envoyé par l'association quelques jours plus tard évoquait l'obligation de réserve et de probité ainsi que la notion de limite d'âge… Et que je résiliais mon contrat peu après !
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