L’origine des maladies inflammatoires chroniques intestinales (MICI) reste encore mal connue. Et si des facteurs génétiques ont été mis en évidence (avec la découverte notamment de mutations sur le gène NOD 2), il s’agit avant tout de maladies environnementales. En effet, tout laisse à penser à un fort impact de l’environnement : que ce soit l’apparition récente de ces maladies, leur répartition géographique non homogène, l’influence du mode de vie occidental, etc.
A ce jour, trois facteurs environnementaux ont été clairement identifiés : le tabagisme, protecteur dans la rectocolite hémorragique et délétère dans la maladie de Crohn (MC) ; l’appendicectomie protectrice dans la RCH ; et, tout récemment, l’antibiothérapie délétère dans la maladie de Crohn. « Les dernières études montrent en effet un lien entre la prise d’antibiotiques et la maladie de Crohn, en particulier chez l’enfant », commente le Pr Franck Carbonnel (hépato-gastro-entérologie, hôpital Bicêtre, Paris), en se référant à une étude finlandaise publiée en 2012 menée sur un registre de 2?380 cas contrôles, dans lequel 595 enfants ont été diagnostiqués avant leur 16 ans avec une MICI. On remarque que les patients atteints de maladie de Crohn ont reçu, de façon générale, beaucoup plus d’antibiotiques que les enfants sans MICI. La relation entre utilisation d’antibiotiques et MC chez les enfants ayant eu un diagnostic MICI avant l’âge de 11 ans est particulièrement claire et établie.
L’impact alimentaire encore flou
Toutefois, beaucoup d’autres facteurs sont suspectés : contraception, aluminium, alimentation sucrée, hygiène domestique, absence d’allaitement maternel… mais on peine à démontrer leur action, les études étant très nombreuses sur le sujet, mais trop souvent contradictoires. Récemment, certains facteurs se sont ajoutés à la liste des suspects : « Des études prospectives suggèrent qu’une alimentation trop riche en protéines animales serait une facteur de risque de maladie de Crohn. Alors qu’une alimentation trop pauvre en fibres augmenterait le risque de MICI. D’autres études se sont intéressées à la composition en graisses de ce que nous mangeons : les acides gras omega 6 semblent favoriser l’apparition de la RCH alors que les omega 3 auraient un rôle protecteur », indique Franck Carbonnel. Parmi les autres facteurs en ligne de mire le manque d’exposition solaire et un faible statut en vitamine D semblent associés à une augmentation du risque de MICI. La littérature est également abondante en ce qui concerne l’impact de la pollution atmosphérique.
Enfin, la piste infectieuse reste d’actualité : « Les impacts de E. coli adhérent invasif, de Yersinia, de mycobacteries et des infections intestinales sont toujours fortement suspectés », indique Franck Carbonnel. g
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