Dermatologie

Ces cosmétiques qui nous font la peau

Publié le 20/12/2013

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Si la peau traduit nos réactions face à des substances irritantes ou allergisantes, elle est aussi une porte d'entrée pour divers toxiques. Les soins qu'on lui accorde ne sont pas dénués de dangers, et de plus en plus de polluants sont identifiés dans les produits cosmétiques.

Crédit photo : ALTOPRESS/PHOTOALTO / BSIP

Les anciens cosmétiques, à base de produits naturels, n'étaient pas dépourvus d'inconvénients avec parfois des composants conservateurs toxiques comme le borax (reprotoxique) et des réactions allergiques type eczéma, se manifestant dès les premières applications. Les produits issus du pétrole qui les ont remplacés étaient au départ bien tolérés, mais les personnes commencent à se sensibiliser, d'autant plus volontiers que les composants utilisés se multiplient. Les manifestations allergiques adoptent souvent des formes un peu particulières, que les patients qualifient de dartres. Ces eczémas modérés sont plus marqués sur les zones où le produit est appliqué en grande quantité. Mais pourquoi les dartres apparaissent elles désormais ?

Une toxicité plus profonde ?

Pour prendre l'exemple des produits d'hygiène cutanée, le principe des savons traditionnels est de décaper le film hydrolipidique et la sueur, la peau reconstituant ensuite son film protecteur et son pH. Au contraire, les produits de toilette ou d'après-toilette actuels forment une pellicule à la surface des cheveux ou de la peau, leur donnant un aspect et un toucher plus soyeux. Mais ce voile satiné agit comme un vernis et se fissure, d'où la sensation de peau sèche et l’apparition d’eczématides, ce qui amène à appliquer à nouveau le cosmétique… faisant de nous des « addicts » à des produits que l’on pense hydratants !

Toutefois, «?les dermatites atopiques issues de l’application de cosmétiques ne constituent que la partie visible de l'iceberg », s’alarme le Dr Sylvie Peres-Pierron, dermatologue à Saint-Jean-de Luz)*. L'enjeu principal avec ces nouveaux polluants tourne autour du risque cancérigène et reproductif. » De la crème au shampoing en passant par les gels douche et les produits de toilette (y compris pour enfant), la liste des toxiques ne cesse de s'allonger. Appliqués sur la peau, ces produits sont susceptibles de passer la barrière cutanée, mais aussi d'être ingérés (dentifrices) ou inhalés (parfums). Et leur effet se démultiplie puisqu'on les retrouve dans tout notre environnement intérieur.

Pléthore de substances

Le formaldéhyde se retrouve dans les conditionnements plastiques, mais aussi dans les parfums d'ambiance ou les détergents. Dans les vernis à ongles, il est associé à trois autres toxiques : diéthyl-phtalate, toluène et xylène. Ces substances ont été associées au risque d'asthme, de dermatites et de cancer. Parmi tous les autres produits, citons les phtalates (dans les déodorants, sprays pour cheveux, vernis à ongles, produits pour le corps et les parfums). On retrouve aussi les parabènes, utilisés comme conservateurs ; le bisphénol A, qui peut pénétrer l’organisme par voie cutanée ou être ingéré?; les éthers de glycol qui ont aussi un passage transcutané?; les alkyl phénols (utilisés comme émulsifiants dans les gels douche, crèmes hydratantes, après-shampooing, dentifrices); les composés éthoxylés (produits avec un suffixe -eth ou xynol ou un préfixe hydroxyethyl) sont des détergents, présents dans les adoucissants textiles, les shampoing, conditionneurs, crèmes et gels douche. Ils sont fabriqués à partir d'un gaz très toxique, l'oxyde d'éthylène, et sont donc susceptibles d’ être contaminés par le dioxane, une substance irritante et soupçonnée d'être cancérigène. Persistants, ils sont toxiques pour les végétaux et la faune aquatique.

*Coordination Santé Environnement du Pays Basque, filiale de la Coordination Nationale Médicale Santé Environnement (http://www.vaguetoxique.com)

Dr Maia Bovard-Gouffrant