Douleur

TMS : une pathologie des « temps modernes »

Publié le 20/12/2013
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La douleur au travail est fréquente et les troubles musculo-squelettiques concerneraient 34% des salariés. Les contraintes biomécaniques jouent incontestablement un rôle primordial, mais des facteurs tels que le stress ou les conditions de travail influencent le vécu et l'expression des plaintes.

Crédit photo : CHASSENET / BSIP

Les troubles musculo-squelettiques (TMS) - ou plus exactement les affections péri-articulaires - englobent de nombreuses atteintes qu'on s'attache maintenant à définir précisément, avec souvent des examens IRM pour un diagnostic lésionnel rigoureux.

à l'origine de ces troubles, on retrouve en grande majorité la manipulation de charges, de masses unitaires, la fréquence de répétition du geste, les amplitudes articulaires, associées à d'autres facteurs physiques comme le froid ou les vibrations.

L'âge des travailleurs est également un facteur important puisque la tolérance articulaire diminue avec l'âge. On remarque d’ailleurs qu’il existe réellement une relation linéaire entre les plaintes douloureuses et l'âge des personnes, ce qui va poser rapidement un problème avec l'allongement de la durée du travail.

Stress et ambiance de travail

Le stress est aussi un facteur intervenant dans le déclenchement de troubles musculo-squelettiques, mais en bien moindre mesure que les facteurs biomécaniques.

Indiscutablement on retrouve dans la littérature une corrélation entre les plaintes exprimées et le stress perçu, la plainte douloureuse étant accentuée chez les personnes en état de stress. Néanmoins, on ne retrouve pas toujours cette association entre le stress et la plainte douloureuse, comme cela a été montré dans la cohorte EDF GAZEL, dans les lésions graves de l'épaule. Dans cette étude, « la plainte douloureuse est, en revanche, parfaitement corrélée à l'exposition à des contraintes biomécaniques, en particulier le port de charges et les abductions », explique le Pr Alain Chamoux (service de Médecine du travail, CHU de Clermont-Ferrand).

Autre élément stressant : l'ambiance générale de travail. Selon les modèles du stress comme ceux de Karasek et de Siegrist, le stress est lié à la charge de travail, à l'aptitude à prendre des décisions et à organiser son travail. Le stress est maximal lorsque la demande est forte, sans reconnaissance professionnelle ni récompense. « Il serait néanmoins nécessaire d'évaluer tous les ans le stress avec une échelle EVASTRESS, un outil performant pour la prise en charge de ces salariés, indique Alain Chamoux. Il permet de distinguer entre stress personnel et stress professionnel. Mais aussi, lorsque celui-ci se révèle collectif, de signaler aux responsables de l'entreprise les secteurs à niveau de stress élevé. »

La prévention par l’activité physique

On peut améliorer le bien-être au travail par des locaux accueillants, bien conçus, silencieux, chaleureux… et chauffés. L'organisation ergonomique du poste de travail est aussi un moyen de réduire la charge physique et mentale. Par ailleurs, une sédentarité excessive au travail peut être néfaste. Aussi conseille-t-on aux travailleurs de compenser par des activités physiques afin de maintenir un minimum de tonus postural et de musculature… et d'améliorer aussi le risque cardiovasculaire, en particulier dans les professions où la sédentarité est contrainte, comme celle de chauffeur routier. Certaines entreprises développent d'ailleurs des programmes afin de promouvoir une activité physique adaptée dans un cadre proche du milieu professionnel. Une possibilité malheureusement difficile à proposer aux petites et moyennes entreprises.

Dr Maia Bovard-Gouffrant

Source : lequotidiendumedecin.fr