On pouvait se penser en sécurité entre nos murs... Or non seulement la pollution extérieure n'épargne pas notre habitat, mais celui-ci héberge aussi ses propres polluants, qu'ils soient physiques, chimiques ou biologiques, ce qui suscite actuellement un nouvel intérêt.
N’oublions pas, tout d’abord, que « le tabac reste le premier polluant intérieur et garde toute son actualité même si les parents semblent avoir beaucoup progressé en ne fumant plus dans les maisons, rappelle le Pr Christophe Marguet (pneumologue, service de Pédiatrie médicale, CHU Rouen). Il favorise clairement la morbidité respiratoire et le développement des pathologies asthmatiques très vraisemblablement par le biais de l'inflammation bronchique. »
Autres polluants domestiques classiques : les allergènes type poils de chat, acariens, les moisissures et les endotoxines. Les moisissures et leurs endotoxines entraînent une morbidité respiratoire certaine, mais leur rôle dans l'allergie n'a pas été prouvé, leurs conséquences étant identiques, que les sujets soient ou non allergiques. Par ailleurs, les liens entre exposition aux dits endotoxines et asthme semblent plus complexes qu’il n’y paraît. D’un côté l’exposition à de hauts niveaux d’endotoxines durant l’enfance semble protéger contre la sensibilisation allergique (théorie hygiéniste). De l’autre, la plupart des études montrent que les endotoxines contenues dans la poussière domestique constituent un facteur de risque significatif pour la prévalence et la sévérité de l’asthme. Et, malgré l’ubiquité des endotoxines, une minorité de personnes sont asthmatiques. Des contradictions qui suggèrent qu’il existe des mécanismes protecteurs encore non décrits à ce jour.
Les blattes participent aussi à la pollution intérieure : elles ne provoqueraient pas l'allergie mais une allergie au cafard peut se développer sur un terrain atopique.
Les COV (composés organiques volatiles) dont les formaldéhydes, sont également présents. Les formaldéhydes sont issus des colles, vernis, peintures, des agglomérés, de certains plastiques, des produits d'entretien, etc. Sur le plan épidémiologique, un taux élevé de COV s'associe à une symptomatologie allergique ou asthmatique. Il existe un lien statistique prouvé, même s'il n'est pas très important. Quant aux émissions de NO2 liées à l'utilisation des cuisinières à gaz, elles ont été depuis plusieurs années plus ou moins associées avec la morbidité respiratoire. Elles pourraient favoriser l'inflammation et les symptômes respiratoires. Mais, aujourd’hui, leur présence dans l'habitat serait surtout liée à la pollution extérieure.
Rappelons que les composés organiques volatils et les taux de NO2 dans l’air intérieur doivent respecter des seuils à ne pas dépasser. On retrouve ces valeurs clés dans les guides de qualité de l’air intérieur, publiés par L’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail). Et leur concentration dans l’air peut être mesurée par les techniciens d'environnement.
Les pics d’ozone provoquent des crises d’asthme en décalé
Depuis une dizaine d'années on s'intéresse à la pollution venue de l'extérieur et son retentissement sur la morbi-mortalité cardiovasculaire, mais aussi respiratoire et cancérologique. On observe que les pics d'ozone favorisent les crises d'asthme souvent de façon un peu décalée, 24 à 48 heures plus tard ; l'impact immédiat des pics de SO2 (pollution industrielle), plus rares et très localisés, est plus difficile à mettre en évidence. On a des arguments pour dire que les particules de diesel, PM10, mais aussi les particules plus petites, PM5 ou
PM2,5 auraient un effet néfaste. Ces particules pourraient se fixer aussi sur les pollens et favoriseraient ainsi leur pénétration pulmonaire. Quelques études récentes ont montré la corrélation entre une symptomatologie asthmatique et les taux élevés de petites particules; on a aussi constaté l'existence d'IgE anti-particules.
Les polluants, cofacteurs probables
Par ailleurs, si les liens épidémiologiques entre pollution, asthme et allergie sont avérés, il est difficile de les mettre en évidence dans la pratique. En effet, « les différents polluants chimiques n'augmentent pas de façon majeure le risque par rapport aux autres facteurs
de l'asthme, les OR dépassant rarement 1,2 ou 1,3, indique le Pr Marguet. Ce qui explique que le sur-risque est révélé par les études de populations et qu’il ressort peu au niveau individuel. Ces produits sont des cofacteurs favorisant l'inflammation à bas bruit et donc la vulnérabilité à des facteurs d'agression comme les allergènes et les virus qui constituent les déclencheurs essentiels des crises d'asthme. On sait aussi que la pollution favorise les infections pulmonaires, lesquelles font le lit de l'asthme. Et toujours sur un terrain prédisposé : nous avons de plus en plus d'arguments pour dire qu'il existe des gènes prédisposant à l'asthme (sur le chromosome 17, par exemple). L'épigénétique rendrait compte de l'interaction gènes/environnement, les facteurs environnementaux pouvant modifier ou favoriser l'expression des gènes. »
Par ailleurs, les polluants étant nombreux, il est difficile de déterminer le rôle de chacun. Les produits incriminés sont fréquents dans la plupart des maisons ou appartements.
Réduire leurs effets délétères consiste surtout à limiter leur utilisation au maximum mais, surtout, sachant que l'allergie respiratoire augmente dans les environnements confinés, à appliquer les consignes d'aération et autres conseils émis par l'Observatoire de la Qualité de l'Air Intérieur.
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