Au cours de la seconde moitié du XXe siècle, l’incidence de l’ostéoporose a explosé et, désormais, près d’une femme de plus de 50 ans sur deux fera une ou plusieurs fractures par fragilité osseuse au cours de sa vie. « Si le vieillissement de la population y est pour beaucoup, l’évolution de l’environnement humain au fil des millénaires y a aussi contribué », estime le Pr Patrice Fardellone (CHU d’Amiens) en créant peu à peu un terrain propice à l’éclosion de l’ostéoporose.
Tout a commencé il y a près de 50 000 ans, quand l’homme de Cro-Magnon – dont nous descendons – a quitté l’Afrique pour migrer vers l’Europe, comme l’avait fait près de 200 000 ans plus tôt l’homme de Néanderthal.
« Or si ce dernier s’est parfaitement adapté à son nouveau milieu plus froid et moins ensoleillé, l’homme de Cro-Magnon n’en a pas eu le temps, et génétiquement nous sommes toujours faits pour vivre sous un climat ensoleillé », explique le Pr Fardellone. Un constat qui, pour le rhumatologue, pourrait bien expliquer les très fortes prévalences de déficit en vitamine D observées sous nos latitudes, dont on connaît l’impact sur minéralisation osseuse et les capacités musculaires.
Près de 40 000 ans plus tard : nouveau bouleversement avec la révolution néolithique. De chasseurs-cueilleurs, nos ancêtres sont devenus agriculteurs-éleveurs. Avec, à la clé, « une alimentation qui s’appauvrit en éléments carnés et repose essentiellement sur des céréales peu riches en calcium et en protéines?». Avec, là encore, un retentissement sur le métabolisme osseux et la trophicité musculaire.
L’impact de la sédentarité
A la fin du XIXe siècle, une autre révolution, industrielle cette fois, va enfoncer le clou en favorisant la sédentarité dont l’impact sur la formation osseuse est aujourd’hui bien établi. En effet, « les contraintes mécaniques sont un stimulant de la formation osseuse et lorsqu’ il n’y a plus ce stimuli, les ostéocytes sécrètent de la sclérostine qui va inhiber le système ostéoformateur », détaille le Pr Fardellone.
En parallèle, avec les progrès de l’agriculture, l’alimentation s’est diversifiée, ce qui va amener l’espèce humaine à grandir de près de 30 cm en quelques générations. Or « l’augmentation de la taille est en elle même un facteur de risque de fracture du col de fémur. A la fois parce que l’on tombe de plus haut, mais aussi parce que le col du fémur est plus long, d’où un bras de levier plus important et une plus grande fragilité », indique le Pr Fardellone. Ainsi pour une femme de 1,65m, chaque augmentation de la taille de 5 cm augmente de 0,5 son risque relatif de fracture du col du fémur.
A cela pourrait s’ajouter l’effet la pollution. Plusieurs travaux suggèrent ainsi un lien inverse entre niveaux de pollution atmosphérique et taux de vitamine D. Par ailleurs, certains perturbateurs endocriniens pourraient avoir des effets sur le métabolisme osseux via leur action sur les sécrétions hormonales androgènes, même si pour le moment « le lien avec l’ostéoporose n’a pas été fait ».
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