« La pollution de l’air extérieur est un cancérogène avéré pour l’homme », a annoncé, le 17 octobre,
le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) de l’OMS. Selon cette agence, « 223 000 décès par
cancer du poumon dans le monde entier étaient imputables à la pollution de l'air en 2010 ». Un chiffre à mettre en balance, toutefois, avec les 1,18 million de décès totaux par cancer du poumon – dont 30 000 en France.
Rappelons en effet que la très large majorité de ces cancers est liée au tabac : « Que l’air extérieur soit classé "cancérogène avéré" ne doit pas inciter à croire qu’on peut fumer en toute impunité : le tabac multiplie par 40 le risque de cancer du poumon ! », souligne le Pr Catherine Hill, chef du service de Biostatistique et d'épidémiologie de l’institut Gustave-Roussy (IGR, Villejuif). Mais « ces dernières années, les niveaux d'exposition [à la pollution atmosphérique] ont considérablement augmenté dans certaines parties du monde, notamment dans les pays très peuplés et en voie d'industrialisation rapide », indique le CIRC, en ajoutant que ses conclusions « s'appliquent à toutes les régions du monde ». Selon le Pr Denis Zmirou-Navier, « 5 à 8% des décès par cancer sont liés à la pollution atmosphérique », ce qui n’est pas négligeable.
Des agents à identifier
Auparavant, seuls certains polluants de l’air extérieur étaient classés « cancérogènes avérés » : à savoir, les fumées de diesel et les particules fines (ou PM2,5). Désormais, c’est la pollution atmosphérique dans son ensemble qui a été classée cancérogène. Toutefois, il reste à savoir précisément « quels sont les agents atmosphériques les plus importants dans l’augmentation du risque de cancer. Il est indispensable de les identifier pour mieux en contrôler les sources », souligne le Pr Paolo Boffetta, épidémiologiste au Tisch Cancer Institute and Institute for Translational Epidemiology (New York). Les principales sources de pollution de l'air extérieur étant les transports (moteurs diesel, surtout), la production d'électricité, les activités industrielles et agricoles, le chauffage résidentiel et, dans les pays en développement, la cuisine.
Hormis l’air extérieur, d’autres polluants ont été classés cancérogènes. Notamment les polluants de l’air intérieur que sont l’amiante, la combustion du charbon à l’intérieur, le radon (issu de sols rocheux riches en ce gaz radioactif) et le tabagisme passif. Dans les pays développés, « les deux principales causes de cancers induits par la pollution semblent être la contamination de l’air intérieur par le radon et par le tabagisme passif », ajoute l’épidémiologiste. En France, le radon pourrait être responsable de 519 cancers du poumon par an (extrapolation des données publiées par Darby S et al, British Medical Journal, 2005). Quant au tabagisme passif du conjoint, il aurait provoqué 161 cancers chez les femmes et 92 chez les hommes n’ayant jamais fumé en 2009 (Boffeta et al, Ann Oncology, 2009).
Amiante et eaux de boisson : toujours des soupçons
De son côté, l’exposition domestique à l’amiante, toutes doses confondues, multiplierait par 3,5 le risque de mésothéliome et par 1,1 le risque de cancer du poumon (Bourdes V et al, Eur J Epidemiol, 2000). Les risques liés à une exposition professionnelle à l’amiante sont bien supérieurs. Mais s’ils sont mieux contrôlés, on déplore toujours la mort de travailleurs exposés il y a plusieurs décennies.
Concernant l’eau de boisson, les polluants incluent l’arsenic, cancérogène reconnu, et les sous-produits de la chloration de l’eau, cancérogènes suspectés. Certains pesticides et la dioxine sont aussi soupçonnés de favoriser certains cancers, notamment des cancers rares (lymphomes, myélomes ou sarcomes).
Quant aux champs électromagnétiques de très basse fréquence (lignes à haute tension), ils ont été reconnus par le CIRC comme « possiblement cancérogène pour l’homme ». Quelques études, en effet, indiquent un risque de leucémies légèrement accru chez l’enfant. Enfin, « les études d’association entre l’utilisation d’un téléphone portable et le risque de tumeurs cérébrales ont été jusqu’ici négatives », indique Paolo Boffetta.
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