AVC / AIT : « agir vite »
Pour France Woimant (hôpital Lariboisière, Paris), le traitement thrombolytique des infarctus cérébraux qui a été l’élément essentiel de la décennie. Avec 150 000 personnes atteintes chaque année, les AVC sont la première cause de handicap de France et la première cause de mortalité chez les femmes. Mais le développement des unités neuro-vasculaires (UNV) reste insuffisant : en 2005, seuls 13 % des AVC ont été hospitalisés dans un établissement ayant une UNV (47% pour l’Ile-de-France); en juin 2008, 20% étaient pris en charge dans une UNV. Chaque minute compte dans la prise en charge. Plus on traite vite, plus on a de chance de sauver les patients, avec un minimum de séquelles, même pour un AIT : le risque de récidive après un AIT est surtout important au cours des 48 premières heures. D’où la consigne « Appeler le 15 », destinée au médecin comme aux patients en cas de suspicion d’AVC.
Alzheimer : « du symptomatique au curatif »
Trois évènements marquants pour Marie Sarazin (hôpital de La Pitié-Salpêtrière, Paris) : la possibilité et la généralisation d’un repérage précoce ; des médicaments spécifiques qui, administrés précocement, ralentissent l’évolution de la maladie (inhibiteurs de l’acétylcholinestérase, agonistes des récepteurs glutamatergiques) ; enfin, conséquence des précédents, une nouvelle considération du patient Alzheimer. Mais les traitements actuels ne sont que symptomatiques. Des molécules agissant directement sur les protéines impliquées dans la genèse de la maladie : la protéine tau et le peptide amyloïde, font actuellement l’objet d’essais de phase 2 et 3, avec le ferme espoir d’une mise à disposition dans les 10 ans d’un traitement enfin curatif….
Migraine : « des avancées sur plusieurs fronts »
Pour Christian Lucas (CHU Lille), « les triptans ont radicalement changé la donne ». La découverte de mutations de gènes codant pour des canaux ioniques au niveau de neurones ou d’astrocytes fait désormais considérer la migraine comme une canalopathie et une maladie neuronale génétiquement déterminée, « loin d’une conception surannée hystérique ou purement vasculaire ». L’imagerie fonctionnelle a confirmé l’existence de « générateurs » de la crise au niveau du tronc cérébral. Enfin, la prochaine mise à disposition des anti-CGRP, anti-vasodilatateurs à l’efficacité comparable aux triptans mais sans effet vasoconstricteur, laisse espérer une meilleure prise en charge des patients à risque cardiovasculaire.
Epilepsie : « attention à la surmortalité »
Trois avancées essentielles pour Philippe Ryvlin (CHU Lyon). Chirurgicales : démonstration de l’efficacité de la chirurgie dans les formes résistantes et progrès notables en termes de sécurisation des gestes opératoires. Médicales : nouveaux antiépileptiques, aussi efficaces que les anciens mais avec moins d’effets secondaires, dont un risque négligeable de malformations in utero. Enfin, mise en évidence d’une surmortalité réelle chez le jeune épileptique souffrant de formes résistantes, notamment du fait du risque de mort brutale inattendue (Sudep)*.
?Et aussi ...
Parkinson : comme le souligne Stéphane Thobois (CHU Lyon), les premières stimulations cérébrales profondes datent de 1993 mais le suivi à long terme confirme le maintien de leur efficacité. Les nouvelles formes galéniques améliorent le quotidien. Mais le meilleur est à venir : thérapies géniques, transfert de gènes, cellules souches, stimulation corticale… de nombreux protocoles, à l’essai chez l’animal, laissent espérer un prochain passage à l’homme. Enfin, les anticorps monoclonaux ont révolutionné les pronostic et prise en charge de la SEP.
Objectifs 2020
France Woimant
« Que toutes les personnes victimes d’AVC aient accès à une UNV et à sa filière.
Marie Sarazin
« Etre au chômage faute de patients souffrant de troubles mnésiques. »
Christian Lucas
« Que les migraineux soient considérés comme de vrais malades et les migrainologues comme de vrais médecins. »
Philippe Ryvlin
« Prévenir efficacement le risque de Sudep.»
Stéphane Thoboit
« Un traitement curatif, stoppant l’évolution de la maladie de Parkinson et un repérage en amont, avant l’apparition de signes moteurs. »
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Un bilan en demi-teinte
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Dix ans de progrès constants
La révolution culturelle
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Du combat politique aux progrès cliniques
Des bouleversements inattendus
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