Des médicaments en remplacement du bistouri
En gynéco-obstétrique, la place de plus en plus importante des traitements médicaux pour des pathologies habituellement chirurgicales comme les fausses couches, les grossesses extra-utérines et les fibromes constitué le fait notable de la décennie selon le Dr Joëlle Bellaïsch-Allart (vice-présidente de la Société française de Gynécologie et du Collège National des Gynécologues Obstétriciens Français, CH des 4 villes, Sèvres). On peut aussi se poser la question d’une utilisation excessive de ces traitements médicamenteux mais sans douter de l’intérêt de pouvoir dans certains cas éviter l’anesthésie générale et l’hospitalisation.
Le bond de la PMA
L’assistance médicale à la procréation a elle aussi fait un bond gigantesque en avant avec le développement depuis 1992 en Belgique et 1994 en France de la micro-injection qui constitue actuellement 60 à 70 % des tentatives d’assistance médicale à la procréation. Une nouvelle technique de micro-injection a fait son apparition : il s’agit de l’IMSI qui consiste à grossir 6 600 fois les spermatozoïdes pour choisir le meilleur. Cette technique est en cours de validation mais ses premiers résultats sont très prometteurs.
Un constat plus triste, le désir d’enfant tardif avec malheureusement une absence de prise de conscience des femmes de chute de la fertilité avec l’âge. « L’Assistance Médicale à la Procréation n’est pas la baguette magique qui compense le déclin de la fertilité avec l’âge et il faut le faire savoir à nos patientes », explique le Dr Bellaïsch-Allart .
Le vaccin contre le HPV
N’oublions pas la vaccination contre le HPV qui constitue une avancée formidable en n’omettant pas de préciser que le suivi gynécologique et la réalisation de frottis réguliers doivent y être associés.
Simplification de l’IVG
En gynécologie médicale, « la décennie a été finalement marquée par des découvertes certes peu nombreuses mais d’une importance considérable, selon le Dr Elisabeth Aubeny (présidente de l’association française pour la contraception, Paris).
Un sérieux pas en avant, en matière d’interruption volontaire de grossesse (IVG) avec la loi du 4 juillet 2001 qui insiste sur la dépénalisation de l’avortement. Cette loi a autorisé l’allongement du délai légal d’avortement de 12 semaines d’aménorrhée (SA) à 14 SA, permettant ainsi de réduire sensiblement le nombre de femmes contraintes de partir à l’étranger quand elles sont hors délai.
La loi a également ouvert la possibilité de réaliser des IVG médicamenteuses en ville dans les cabinets medicaux (à domicile) et les centres de planification jusqu’à 7 SA, impliquant ainsi les médecins généralistes. La procédure est moins lourde, la femme a le choix du médecin, l’interlocuteur est unique, les rendez-vous sont généralement obtenus rapidement. Les mineures peuvent aussi bénéficier d’une IVG sans le consentement des parents mais accompagnées d’un adulte référent. La réussite des IVG peut être contrôlée par simple dosage de bêta-HCG et plus obligatoirement une échographie.
Des contraceptifs polyvalents
Depuis 2001, la contraception d’urgence (Norlevo®), est en vente libre dans les pharmacies. Dans la foulée, elle est délivrée gratuitement aux mineures dans les pharmacies et distribuée par les infirmières scolaires.
En octobre 2009, Ellaone®, dénommée de façon inappropriée pilule du « surlendemain », est commercialisée. Cette pilule, qui n’est pas abortive, est à base d’un anti-progestérone (ullipristal acetate) qui empêcherait l’ovulation voire même la nidation non pas durant 3 jours comme Norlevo® mais 5.
Du côté des moyens contraceptifs, on note l’apparition de l’implant progestatif en 2001 (Implanon®), des anneaux œstroprogestatifs en 2004 (Nuvaring®), des patchs oestroprogestatifs en 2003 (Evra®), des contraceptifs oraux en prise continu au début des années 2000 (Melodia®,
Minesse®...). Les produits se sont diversifiés, leur utilisation est plus facile et les dosages d’hormones en particulier d’œstrogène diminuent. Les progestatifs deviennent aussi mieux tolérés et leur utilisation est majorée.
Malgré toutes ces nouveautés qui visent à faciliter la vie des femmes et à diminuer le nombre des grossesses non désirées, le nombre d’IVG reste stable. Il est nécessaire d’informer les femmes, en particulier les adolescentes.
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