Sida et paludisme mieux traités
Le Sida grace aux combinaisons d’antiviraux et aux nouvelles classes médicamenteuses, (inhibiteurs d’intégrase, inhibiteurs d’entrée) est devenu une maladie chronique.
Côté paludisme, un point majeur est la découverte d’un nouvel usage d’un vieil antipaludéen, l’artémisinine et son association avec d’autres antipaludéens comme l’amiodoquine, la méfloquine ou la luméfantrine (benflumetol). On parle alors d’ACT (« artemisinin-based combination therapy ») ou combinaisons thérapeutiques à base d’artémisinine. Elles permettent d’augmenter l’effet thérapeutique et de retarder l’apparition de la résistance des parasites. Les infections fungiques ont donc vu leur prise en charge améliorée grâce à la multiplication des antifungiques (trois familles disponibles).
Antibiorésistances
Cette décennie a éé marquée par l’absence de nouvelles familles d’antibiotiques en dehors des oxazolidinones (linezolide). La pratique a cependant démontré que la résistance aux antibiotiques plus anciens pouvait être diminuée par une prescription plus rationnelle de l’antibiothérapie, excluant, autant possible les infections virales, notamment pour les angines où l’utilité d’un « docteur test » (TDR streptocoque) comme aide à la prescription a été démontrée. La vaccination contre le pneumocoque s’est révélée, elle, efficace pour la réduction de la résistance aux pénicillines.
Les années 2000 ont également vu émerger de nombreuses et importantes résistances de micro-organismes courants à diverses molécules : la tuberculose MDR (Multidrug résistant), résistante à l’isoniazide et à la rifampicine, et maintenant XDR (extensively drug resistant) résistante aux deux molécules précédentes ainsi qu’aux fluoroquinolones et à au moins un antibiotique injectable parmi la capréomycine, la kanamycine et l’amikacine. De la même manière, les entérobactéries BLSE, c’est-à-dire productrices de béta-lactamases à spectre étendu, ont fait leur apparition, rendant le traitement de banales infections urinaires beaucoup plus difficile par l’utilisation de carbapenems d’emblée.
Les bonds de la vaccinothérapie
De nouveaux vaccins ont vu le jour et ont considérablement modifié l’évolution de plusieurs pathologies. Ainsi la vaccination contre HPV qui, même si son action première est tournée vers la prévention d’une maladie infectieuse, est finalement destinée à éviter une maladie cancéreuse. Cela ouvre une nouvelle voie vers l’extension de la vaccination pour d’autres pathologies que des infections.
La vaccination contre le pneumocoque chez les nourrissons a mis en évidence la capacité d’adaptation des micro-organismes qui sont ainsi capables de contourner une politique de prévention. «La mise en place d’une stratégie vaccinale nouvelle impose une surveillance épidémiologique étroite pour être capable de repérer rapidement ces
phénomènes et réadapter la stratégie vaccinale, remarque le Pr Daniel Floret (président du Comité Technique des Vaccinations, Bron). Les recherches avancent en matière de vaccination contre le VIH, mais rien n’est joué… »
Les pandémies virales
« Les maladies infectieuses sont fréquentes et n’ont pas de frontières : elles peuvent engendrer une focalisation géographique de tous les instants même quand elles sont peu graves mais qu’elles peuvent toucher un très grand nombre de personnes », pointe le Pr Eric Caumes (service d’infectiologie, hôpital de la Pitié-Salpêtrière, Paris). Dans un registre identique, les alertes sanitaires de ces dernières années (SRAS, grippe A, …) semblent relativement efficaces. « Un bilan très sérieux semble nécessaire pour tirer parti de ces expériences dont la plus récente est l’actuelle pandémie H1N1. Un réajustement de la gestion des catastrophes sanitaires majeures semble utile afin de parvenir à une prise en charge optimale », conclut le Pr Caumes.
L’essentiel pour le Pr Daniel Floret
Président du Comité Technique
des Vaccinations, Bron (Rhône)
L’évènement de l’année :
« La pandémie grippale est un fait remarquable dans la mesure où c’est la première fois que l’on répond par
une stratégie vaccinale à un problème infectieux de dimension planétaire.
Objectif 2020 :
« L’élargissement du concept de vaccin à la prise en charge de maladies non infectieuses. »
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