Du combat politique aux progrès cliniques

Cette décennie a vu s’accomplir l’évolution commencée dans les années 1970, lorsque la tabacologie française n’existait pas encore. Une évolution d’abord politique, de lutte contre le tabagisme, avec les interdictions de fumer dans les lieux publics proposées dès 1991 (loi Evin) mais appliquées seulement au 1er janvier 2008. Avec des bénéfices considérables : protection des non fumeurs, aide aux ex-fumeurs, enfin (et surtout) inversion de l’image « cigarette » dans la société. Fumer n’est plus la norme. Autre élément essentiel : le plan Kouchner (2000). Pour la première fois, un budget spécifique permet la création de 400 consultations de tabacologie ; le plan Cancer 2003 a permis de faire monter ce chiffre à plus de 1 000. Enfin, une formation de tabacologue est mise en place (DIU, enseignement des dépendances dans le cursus des études médicales).

Puis les progrès cliniques ont suivi : introduction de la nicotine médicamenteuse (timbres, gommes, pastilles, inhaleur, premiers produits vraiment efficaces pour l’aide à l’arrêt du tabac) ; affinage des modalités d’utilisation du fait de la double nécessité d’adapter les doses à l’intensité de la dépendance et de souvent prolonger le traitement au-delà des 3 mois traditionnels ; enfin prescription de molécules à action centrale. Mais la motivation personnelle à l’arrêt reste essentielle ; un accompagnement psychologique basé sur les stratégies comportementales et cognitives est souhaitable… sans oublier les troubles souvent associés : consommation d’autres substances (cannabis, alcool…), troubles anxiodépressifs. Il n’y a pas de panacée pour arrêter de fumer, mais la nécessité réelle d’un traitement spécifique, adapté à chaque situation… Enfin, des progrès ont été réalisés sur la compréhension des mécanismes des addictions et le rôle des récepteurs nicotiniques cérébraux ; les prochaines avancées viendront de la neurobiologie.