Encore mal connue du grand public, la BPCO n’a désormais plus beaucoup de secrets pour les pneumologues, qui ont toutes les données scientifiques en main pour prendre en charge au mieux cette pathologie. « Il est vrai qu’il existe aujourd’hui de nombreuses recommandations relativement accessibles via internet et régulièrement réactualisées », indique le Dr Hugues Morel, chef du service de pneumologie, d’oncologie thoracique et d’allergologie du CHR d’Orléans.
Les recommandations Gold, celles qui font figure de référence, sont celles élaborées par un collectif international auquel appartient depuis plusieurs années le Pr Nicolas Roche. « La France est donc bien placée dans la rédaction de ces recommandations qui ne sont accessibles qu’en anglais », indique le Dr Morel. En France, la SPLF publie ses propres recommandations, largement inspirées de ce texte international. « Il y a aussi des recommandations canadiennes plutôt bien faites et que nos collègues québécois traduisent en français. Il est à noter qu’au Canada, on ne parle pas de BPCO mais de MPO, pour maladie pulmonaire obstructive. Ces recommandations canadiennes sont un peu différentes des recommandations Gold mais uniquement au niveau de la forme, pas du fond », précise le Dr Morel.
Ce dernier reconnaît enfin apprécier les recommandations de la British thoracic society. « Elles sont très bien faites avec des grades de recommandations », indique le Dr Morel en ajoutant que tous ces textes délivrent des préconisations sur le diagnostic et la prise en charge de la pathologie et des exacerbations. « Les principales modifications de ces dernières années sont survenues en 2017. Jusque-là, l’obstruction bronchique, notamment le VEMS, occupait une place très importante et il y avait un système de classifications de 1 à 4 en fonction du VEMS. Aujourd’hui, on est davantage focalisé sur les symptômes et le nombre d’exacerbations. Cela est vraiment devenu le mode d’entrée dans les différents types de traitements. Désormais, il y a aussi une classification qui n’est plus de 1 à 4 mais en A, B, C et D, avec un tableau à deux entrées, en fonction du score de dyspnée mMRC et du nombre d’exacerbations par an », détaille le Dr Morel.
Tabac et combustion domestique
Dans les pays où ces recommandations sont suivies, la prise en charge des BPCO est relativement homogène. « En revanche, il peut y avoir des différences au niveau de l’étiologie en fonction des pays. En France et en Europe, la maladie est très largement liée à la consommation de tabac. Mais dans certains pays, où les modes de chauffage sont parfois précaires, la biomasse joue un rôle important dans la survenue des BPCO, notamment chez des femmes qui cuisinent avec des braseros. Ils peuvent être à l’origine de 20 à 25 % des BPCO », indique le Dr Morel.
Un autre fait notable est la féminisation de la pathologie, liée en large partie au développement du tabagisme féminin. « Pendant longtemps, la BPCO était plutôt la pathologie touchant des hommes d’un certain âge et issus de certaines catégories sociales. C’en est fini aujourd’hui. La BPCO touche aussi bien les femmes que les hommes et, bien souvent, à stade de sévérité égale, la maladie est plus grave chez elles », indique le Dr Morel.
Entretien avec le Dr Hugues Morel, chef du service de pneumologie, d’oncologie thoracique et d’allergologie du CHR d’Orléans
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