Décidément, la polémique des « fakes médecines » n'a pas fini de semer la discorde entre praticiens. Dans une lettre adressée au Conseil national de l'Ordre des médecins (CNOM) le 13 avril, le Syndicat national des médecins homéopathes français (SNMHF) lançait la grande offensive en affirmant vouloir déposer une plainte ordinale contre chacun des 124 premiers signataires de la tribune controversée qui s'opposent aux médecines dites alternatives. Le motif est toujours le même : « non-confraternité et non-respect du code de déontologie ». De quoi faire repartir de plus belle les querelles entre confrères alors que la tribune s'enorgueillit de près de 2 400 signatures.
Le Dr Charles Bentz, président du SNMHF, est clair : « nous attendons une sanction ». Il appelle de ses vœux le retrait du texte qu'il juge « diffamatoire » et exige des « excuses publiques et tout aussi médiatisées que la tribune ». Pour la sanction, le syndicaliste ne préconise rien : « laissons faire le Conseil de l'ordre ».
Une procédure qui s'annonce fastidieuse puisque pour intenter un procès à un médecin devant l'Ordre, il faut saisir individuellement chacun des conseils départementaux concernés. Déjà à la fin du mois de mars, l'Union collégiale, un syndicat de médecins libéraux, avait entrepris de porter plainte contre dix médecins signataires, parmi les plus médiatiques. À l’époque, le syndicat annonçait déjà prévoir de nouvelles plaintes, cette fois contre des signataires tirés au sort.
Les médecins réclament un débat scientifique
Cette nouvelle vague de procédures est « inqualifiable » pour le Dr Jérémy Descoux, un des dix signataires qui fait déjà l'objet d'une plainte ordinale. Le cardiologue envisage de « s'organiser pour essayer de proposer un appui aux 124 signataires ». De manière plus générale, les médecins attaqués regrettent de ne pouvoir se défendre sur le fond scientifique de la question. « C'est seulement sur la forme qu'ils nous attaquent », regrette le Dr Descoux. Celui-ci, convoqué pour une réunion de conciliation le 24 mai, a récemment reçu une lettre des plaignants lui indiquant ne pas vouloir s'y rendre tant que des excuses publiques ne leur seront pas présentées. « C'est une faute déontologique de leur part de ne pas vouloir trouver un terrain pour discuter », assène-t-il.
Coucou @ordre_medecins , @Jcqslucas
— Asclépios (@Ascl_Pios) 5 mai 2018
Je voulais savoir si c'était pas anti-confraternel de refuser de se présenter à une conciliation qu'on a soi même demandé si on obtient pas immédiatement satisfaction
Je vous fais passer l'intégralité du courrier si besoin#fakemed pic.twitter.com/5pnu2ojO9s
Le Dr Vincent Ropars, généraliste remplaçant dans le Finistère, se trouve dans le même cas de figure. Pour lui, c'est désormais la colère qui prime à l'annonce d'une seconde plainte à son encontre.
Je suis en colère que lorsque l'on ne peu pas nous attaquer sur le fond, on nous attaques sur la forme. Clairement, ce que nous dénonçons dans notre tribune ne tient sur aucune base scientifique rigoureuse. Jamais.
— Vincent Ropars (@Zombi_Doctor) 4 mai 2018
Pour le président du SNMHF, le débat de fond est déjà tranché car « la ministre elle-même s'est exprimée sur le sujet ». De toute manière, le Dr Bentz est formel : « Notre plainte n'est pas sur ce terrain-là. »
S'il est encore trop tôt pour savoir ce que risquent réellement les médecins visés par les plaintes, la guerre entre pro et anti médecines « parallèles » continue bel et bien de diviser les médecins, en particulier sur les réseaux sociaux.
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