Le feuilleton « Red Bull » dure depuis bientôt 20 ans, alimenté par les rapports successifs des Agences françaises et européennes. Malgré les inquiétudes d’experts réitérées, cette boisson énergisante contenant de la taurine a été autorisée le 15 juillet 2008 en France, faute d’avoir pu prouver sa toxicité.
Cinq mois après, le suivi prospectif des effets indésirables par les centres de toxicovigilance se voulait rassurant. La surveillance active n’avait relevé qu’un faible nombre de cas d’intoxication aiguë après consommation de Red Bull, les signes présentés pouvant être aussi liés à la présence de caféine ou à la consommation concomitante d’alcool.
Sur les vingt-quatre cas rapportés, un lien de causalité possible ou probable avait été suggéré pour treize d'entre eux. Avec des effets d'ordre cardiologique (tachycardie), neurologique (crises d'épilepsie, paresthésies, tremblements, vertiges) et/ou psychiatrique (angoisses, agitation, confusion).
Appel à la prudence
Par ailleurs, trois cas d'accidents vasculaires cérébraux et deux cas d'arrêt cardiaque, dont un mortel avaient été rapportés mais sans qu’aucun lien avec la consommation de boisson énergisante n'ait pu être clairement établi. Ces résultats concordent avec ceux – rassurants – d’une évaluation de risque visant la taurine et l’avis de l’agence européenne EFSA (European Food Safety Autority) du 15 janvier 2009 concernant la taurine mais aussi le D-glucuronolactone, elle aussi contenue dans le Red Bull.
Mais, depuis 2009, il a été signalé à l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation (Anses) six nouveaux cas. Tous concernent des personnes de moins de 50 ans (quatre ont moins de 30 ans). Cinq d’entre eux ont consommé des boissons énergisantes en association avec de l'alcool. Les effets indésirables déclarés sont similaires à ceux déjà évoqués avec notamment deux décès cardio-vasculaires. Une insuffisance rénale aiguë a également été constatée. L’analyse fine de ces cas est entre les mains de l’Anses qui promet de faire toute la lumière en 2013.
D’ores et déjà, l’Anses attire l'attention sur le fait que certains modes de consommation courants de ces boissons (activité sportive, consommation en mélange avec de l'alcool) pourraient être associés à des risques cardio-vasculaires lors d'exercices physiques intenses et de perception amoindrie des effets liés à l'alcool.
De quoi inciter à la prudence car la consommation de ces produits en lien avec une activité sportive est en augmentation et 27 % des consommateurs de moins de 35 ans associent, au moins de temps en temps, ces produits à de l'alcool !
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