Dans un numéro thématique, le British Medical Journal, a analysé l’ensemble des données scientifiques disponibles sur les bienfaits et les méfaits de certains aliments. Et force est de constater que les assertions communément admises sont loin d’être évidentes…
Cinq fruits et légumes par jour : des effets suggérés
Difficile de conclure quant à leurs bénéfices santé, la plupart de ceux qui en consomment abondamment ayant aussi d’autres comportements favorables comme l’activité physique ou l’absence de tabagisme. Toutefois, il semble qu’en consommer au moins 5 par jour réduise de 17 % le risque de présenter des pathologies cardiaques comparé à moins de trois par jour. Quant à leur effet protecteur sur les cancers des voies aérodigestives, de l’estomac et du poumon, il est jugé comme « probable » mais n’a pas encore atteint le niveau de preuve « convaincant ».
Risque cardiovasculaire : les données se bornent au cholestérol
Réduire sa consommation de graisses saturées ou augmenter celle d’huiles de poisson, de fibres ou de margarines aux phytostérols a bien un effet bénéfique sur la réduction du LDL-cholestérol. De même, réduire sa consommation de sel abaisse bien la pression artérielle. Pour autant, tout ceci ne garantit pas un impact favorable et suffisant sur le risque cardiovasculaire. Quant aux oméga-3 présents dans les poissons gras et les huiles de poissons, leur bénéfice ont récemment été contestés par une méta-analyse de 20 études (68 000 patients) ne retrouvant aucun effet de ceux-ci sur la mortalité globale ni sur celle d’origine cardiovasculaire. Pour autant, leur utilité pour la réduction de la pression artérielle et des triglycérides n’est pas remise en cause.
Cancer : trois facteurs de risque avérés
Trois facteurs de risque nutritionnel de cancer ont atteint le niveau de preuve « convaincant » : l’alcool est associé aux cancers ORL,aux tumeurs colorectales chez l’homme et au cancer du sein chez la femme. Pour le cancer du foie et celui du colon chez la femme, le niveau de preuve n’est que probable. Le surpoids et l’obésité sont associés aux cancers de l’œsophage, de l’endomètre, du rein, du côlon, du pancréas et du sein après la ménopause. La viande rouge et les charcuteries sont liées au cancer colorectal. Toutefois, on ne sait pas si elles sont individuellement responsables ou simplement les marqueurs d’une alimentation moins équilibrée et d’un style de vie à risque (alcool, tabagisme). Quant au sel et aux aliments salés, ils sont une cause « probable » de cancer de l’estomac.
Parmi les éléments protecteurs, l’activité physique et l’allaitement sont cités dans le cas du cancer du côlon pour le premier et celui du cancer du sein pour le second.
Régime méditerranéen : des bienfaits prouvés
Cette alimentation traditionnelle caractérisée par une consommation abondante de fruits et légumes, de céréales et légumineuses, de fruits à coque, d’huile d’olive, de poisson et une consommation faible de viande, alcool et produits laitiers a inspiré de nombreuses recherches d’observation et d’intervention. Les données vont toutes dans le même sens : une diminution de la mortalité globale, surtout cardiovasculaire et par cancer, et une réduction de la survenue des maladies cardiovasculaires.
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