Dans 75 à 80 % des cas, le diagnostic des quelque 5 500 nouveaux cas annuels de cancer de l’ovaire est fait à un stade avancé (stades Figo III et IV). Le taux de récidive à deux ans dépasse 70 % et la survie globale à cinq ans est de 43 %. Ce chiffre global cache toutefois des disparités, et différentes études ont bien souligné la corrélation entre la morbidité postopératoire et la qualité de la chirurgie complète, fortement liée à l’expertise du chirurgien.
Dès 2016, la Société européenne d’oncologie gynécologique (Esgo) avait publié des indicateurs de qualité et défini un seuil d’activité d’au moins 20 interventions annuelles.
En France, si l’activité de traitement du cancer est soumise à autorisation depuis 2007, de nouveaux décrets sur la chirurgie ont été publiés en avril 2022 (JO du 26 avril 2022) par suite d’un travail mené par la DGOS avec l’expertise de l’Institut national du cancer pour améliorer la qualité et la sécurité des prises en charge. Ils retiennent une gradation des soins. La mention A5 permet la prise en charge chirurgicale des cancers gynécologiques simples (excluant les cancers de l’ovaire à un stade précoce), avec un seuil d’activité de 20 interventions annuelles. La mention B5 permet la chirurgie de tous les cancers de l’ovaire, dont les stades avancés, et d’autres cas complexes de chirurgie gynécologique oncologique, avec un seuil de 20/an.
Sur la base de ces décrets, les agences régionales de santé (ARS) tentent de mettre en place la filiarisation de cette prise en charge dans chaque territoire.
En Paca, de 28 à… 5 établissements autorisés
En région Paca, un groupe de travail réunissant les représentants chirurgicaux de deux centres anticancer, deux CHU et deux structures privées a été missionné par l’ARS Paca dès 2022 et la publication de ces décrets, afin d’en réaliser l’application sur le territoire.
« Ce groupe de travail multidisciplinaire a mis en place une réunion de concertation pluridisciplinaire (RCP) régionale et établi un cahier des charges pour harmoniser les parcours de soins, afin que les patientes bénéficient de la même qualité de prise en charge partout sur le territoire », rapporte le Pr Éric Lambaudie (Institut Paoli-Calmettes, Marseille), qui en était le coordinateur. Deux chartes ont ainsi été rédigées, qui détaillent d’une part les bonnes pratiques à suivre au moment du diagnostic (données cliniques, biologiques, radiologiques, iconographiques, classifications chirurgicales, anatomopathologiques et biologie moléculaire) et, d’autre part, les modalités des RCP et le partage des informations entre centres autorisés ou non.
Par la suite, dans le cadre du plan régional de santé, l’ARS Paca a décidé de limiter à 5 le nombre de centres autorisés B5, alors qu’auparavant 28 établissements assuraient la prise en charge chirurgicale des quelque 300 nouveaux cas de cancer de l’ovaire annuels.
Une première journée régionale aura lieu le 12 septembre prochain
Des RCP via une plateforme sécurisée
Les RCP, qui ont lieu tous les 15 jours et auxquelles sont inscrits une soixantaine de médecins de la région, se font via Rofim, une plateforme numérique sécurisée. « Un peu plus d’un an après leur mise en place, quelque 400 dossiers ont été traités, ce qui reflète bien l’activité au niveau de la région, indique le Pr Lambaudie. Pour continuer à fédérer les médecins impliqués dans la prise en charge des cancers de l’ovaire, une première journée régionale dédiée à cette problématique aura lieu le 12 septembre 2025. Nous avons posé les fondations de cette nouvelle organisation, il nous faut désormais consolider ces premières étapes et travailler sur l’information qui doit être donnée aux patientes. »
Entretien avec le Pr Éric Lambaudie (Marseille)
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