La chute des naissances en France, et dans la plupart des pays du monde, impacte le fonctionnement de nos maternités. D’après l’Institut national d'études démographiques, nous sommes passés de 888 000 naissances en 1973 à 663 000 en 2024, soit une perte de 200 000 naissances en cinquante ans. Parmi les conséquences immédiates, une réorganisation des maternités s’impose. C’est le moment, sans dogmatisme et en tenant compte des nécessités géographiques, de réfléchir à une nouvelle organisation qui associerait les souhaits des jeunes professionnels de combiner harmonieusement vie privée et vie professionnelle et la sécurité des patientes. C’est aussi le moment d’exiger la révision des décrets « de périnatalité », qui datent de 1998 et définissent les personnels nécessaires en fonction du nombre d’accouchements ; ils ne sont plus du tout adaptés aux exigences de l’obstétrique actuelle et aux souhaits des parturientes d’aujourd’hui. Cette révision est d’autant plus nécessaire que, depuis vingt ans, nous avons échoué à réduire les mortalités maternelle et néonatale.
Pourtant, deux mesures simples pourraient avoir un impact significatif :
• Pour les mères, la classification des maternités en fonction du niveau de risque maternel, c’est-à-dire une adéquation des moyens des structures hospitalières selon les facteurs de risque ou pathologies maternelles préexistantes. La sécurité d’une femme enceinte ou d’une parturiente n’est-elle pas bien différente selon la présence, ou non, d’une unité de soins intensifs adultes ? Peut-on encore accepter qu’une patiente « âgée », obèse ou encore hypertendue, etc., accouche dans un environnement inadéquat ? La seule classification des maternités sur des critères pédiatriques (en fonction du risque de prématurité) induit une confusion préjudiciable pour les futures mères, en faisant un amalgame entre sécurités pédiatrique et maternelle.
• Pour les nouveau-nés, la présence 24 h/24, 7 j/7 d’un pédiatre néonatalogue en maternité. C’est obligatoire pour l’obstétricien et l’anesthésiste dans les maternités de plus de 1 000 naissances. L’absence du pédiatre est une perte de chance évidente pour l’enfant.
Mais, comme dit précédemment, ces modifications ne peuvent se concevoir sans une réorganisation des maternités.
Il est également temps de s’interroger sur le bien-fondé d’une médecine paternaliste justifiant de refuser une césarienne demandée par la mère ; refus qui continue à être érigé en dogme par certains professionnels. Cette demande nécessite un examen attentif, d’autant plus légitime qu’il répond à la seule relation médecin-patient éthiquement acceptable : la relation délibérative. Elle seule garantit l’intérêt de la patiente, car elle considère son autonomie et permet de gérer au mieux cette situation particulière. Posons-nous une question simple : à l’ère du droit des patientes à être associées à toute décision médicale, peut-on encore ne pas les associer à la décision du mode d’accouchement ?
Nous évoquerons aussi dans ce numéro le problème de l’autoconservation ovocytaire sans raison médicale, car les demandes continuent à exploser.
Nous vous donnons rendez-vous aux journées nationales Pari(s) Santé Femmes 2025, organisées avec la participation de toutes les sociétés savantes qui gravitent autour de la gynécologie médicale et chirurgicale, de l’obstétrique et de la médecine de la reproduction : au Cnit, à Paris La Défense, les 3, 4 et 5 décembre 2025.
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