Déterminants précoces de l’asthme

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Publié le 20/10/2016
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Crédit photo : PHANIE

Le rôle bénéfique de l’allaitement maternel durant la première année de vie, sur le développement du système immunitaire de l’enfant n’est plus à prouver. Une nouvelle étude conduite par l’hôpital universitaire pédiatrique et l’université de Bâle (Suisse) montre une action protectrice sur les symptômes respiratoires de l’asthme, y compris les crises, chez les enfants à risque (1).

L’allaitement maternel réduit de 27 % le risque génétique

Les chercheurs ont suivi pendant leur première année de vie, 368 nourrissons de la cohorte de naissance « Basel-Bern Infant Lung Development » qui présentaient une caractéristique génétique connue prédisposant à l’asthme : la variation de l’expression des gènes situés sur le chromosome 17, appelés 17q21. Les enfants possédant ces variantes génétiques présentent un risque accru de développer une respiration sifflante en cas d’exposition à d’autres facteurs environnementaux déclenchants comme les poussières, pollens, poils d’animaux, acariens, les polluants aériens dont la pollution atmosphérique, la fumée de tabac… Certains aliments ou des additifs alimentaires (sulfites) ainsi que certains médicaments (aspirine, AINS, bêtabloquants) peuvent aussi être des facteurs déclenchants.

Les résultats de l’étude montrent que l’allaitement maternel réduit de 27 % le risque génétique d’asthme. À l’inverse, les enfants porteurs de mutations mais qui ne sont pas nourris au lait maternel ont un risque beaucoup plus important d’avoir des symptômes respiratoires.

Un fœtus hypotrophe

Un fœtus hypotrophe a plus de risque de développer un asthme ou de voir ses fonctions respiratoires réduites durant son enfance, selon des chercheurs de l’université d’Aberdeen (2). Ces mêmes auteurs avaient déjà, lors de précédentes études, montré un lien entre la petite taille du fœtus au premier et au second trimestre de grossesse et le risque pour le futur enfant de développer un asthme vers l’âge de 10 ans. Cette nouvelle étude a été conduite chez 2 000 femmes enceintes suivies à la clinique prénatale d’Aberdeen entre 1997 et 1999. La taille des fœtus a été évaluée lors des échographies de routine au premier et second trimestre. Les fonctions respiratoires étaient déterminées à 5, 10 et 15 ans. La taille des fœtus était classée selon un score Z, une méthode statistique qui permet de voir une différence par rapport à la norme. 4 scores Z ont été définis allant d’anormalement petit à anormalement grand. Les résultats ont montré que chaque augmentation de taille au premier trimestre était associée à une diminution du risque de développer un asthme à 5, 10 et 15 ans de 22 % (OR 0,78), après ajustement des facteurs confondants.

Ces résultats tendent à prouver que des facteurs prénataux contribuent au bien-être respiratoire. D’autres études sont nécessaires pour confirmer ces données et préciser notamment si ce sont les fœtus hypotrophes dès le début de la gestation et qui le restent pour lesquels les conséquences sont les pires ou bien si ce sont ceux qui ont d’abord une taille normale (avant 10 semaines) puis qui deviennent hypotrophes qui par la suite, auront le plus de problèmes.

Obésité infantile et sexe féminin : un risque maximal

Une étude danoise a évalué l’impact de l’IMC dans l’enfance (7 à 13 ans) sur les admissions hospitalières pour asthme à l’âge adulte, jusqu’à l’âge de 45 ans (3).

Une grande cohorte de 321 830 enfants dont l’IMC a été mesuré chaque année, a pu être suivie. 1 962 admissions à l’hôpital pour asthme ont été relevées.

Le moins que l’on puisse dire est qu’il n’y a pas une égalité des sexes.

Chez les filles, le risque relatif maximal (+ 39 %) est observé pour les IMC indiquant un surpoids à 13 ans. Chez les garçons, on observe le contraire : le risque relatif maximal (+ 24 %) concerne les garçons dont l’IMC est inférieur à la normale et la corrélation la plus forte concerne les IMC mesurés à l’âge de 12 ans.

(1) Gorlanova O et al. Late breaking abstract. Interaction of 17q21 variants with breastfeeding in relation to respiratory symptoms in infancy
(2) Turner S. et al. Fetal origins of persistent chilhood asthma. Abstract OA 3302
(3) Suppli Ulrick C et al. Body mass index at school age and hospital admissions for asthma in early adulthood : a prospective study of 321830 children. Abstract OA 3315

Christine Fallet

Source : Le Quotidien du médecin: 9527