Le dernier panorama des établissements de santé publié par la drees (direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques, au ministère de la santé) à la fin de 2012 révèle un nouveau bond de 0,8 % du nombre de postes médicaux alors que le nombre de praticiens libéraux chute encore de 1,7 %. Entre la ville et l’hôpital, les choix d’exercice se diversifient et c’est l’ensemble de la filière médicale qui peu à peu change de visage.
les deux tiers de ces nouveaux emplois médicaux ont été proposés dans les hôpitaux publics, 23 % par les cliniques privées et 10 % par les établissements privés à but non lucratif. aujourd’hui, 24 000 internes (et assimilés), appelés à multiplier les stages, se laissent encore un peu de temps avant de prendre une direction. Des voyages sur le terrain au bout desquels ils ne reviendront pas tous exercer dans les services. résultat : les postes qui ne trouvent pas preneur à l’hôpital sont proposés de plus en plus rapidement sous un mode contractuel aux médecins libéraux qui sont déjà plus de 2 000 dans les établissements publics.
Désormais, 3 postes sur 5 relèvent de la médecine générale et des spécialités médicales dans les établissements publics et privés à but non lucratif. Pour assurer la relève et la continuité des soins, les gestionnaires d’établissements sont prêts à accepter des aménagements. Les frontières infranchissables entre le public et le privé s’estompent permettant de réorganiser des unités, des services, des cabinets.
L’ouverture du libre-échange ville-hôpital. À l’heure du libre-échange de jeunes internes partent en stage en ville et des médecins libéraux reviennent à l’hôpital sur des postes contractuels. Le partage du temps, des compétences et de l’expérience dessine les contours de nouveaux parcours plutôt prometteurs. Pour les découvrir avant de choisir un poste d'internat – et donc une spécialité –, les associations d'étudiants se mobilisent au sein des facultés en organisant des forums des métiers de la santé.
Mi-février, les carabins de Bordeaux ont par exemple organisé une semaine de rencontres et de conférences pour faire découvrir la réalité de toutes les spécialités et leurs modes d'exercice à l'ensemble des internes, médecins diplômés et étudiants en médecine de la 2e à la 6e année. Carton plein pour la médecine générale, la médecine d'urgence, l’hépato-gastro-entérologie, la pédiatrie, l’urologie, la chirurgie viscérale, la chirurgie orthopédique, la médecine interne, l’anesthésie-réanimation et la cardiologie. Le Pr Bernard Gay, directeur du département de médecine générale de l'Université, en a profité pour faire découvrir aux futurs praticiens ce pan important de la médecine et lever les clichés qui l’entourent. « Curieux vis-à-vis de la médecine générale qu’ils ne connaissent pas, les jeunes se posent de multiples questions. Leur formation hospitalo-centrée ne leur offre pas la possibilité de connaître la prise en charge ambulatoire des patients, qui représente pourtant la majorité des situations de soins », déplore-t-il. Démontant pièce par pièce les idées reçues (parfois péjoratives) sur sa spécialité, Bernard Gay vante l'incomparable diversité de cette pratique en soins primaires, invitant la relève à privilégier l’exercice en maison de santé pluri-professionnelle, « pour minimiser le poids des contraintes ».
Ce type de forum, organisé par les étudiants, crée des échanges, des liens avec le terrain. Cela permet aux futurs médecins de confirmer ou non un choix et les conduit à s'intéresser à des spécialités auxquelles ils n’avaient pas réellement pensé au départ.
En 2e et 3e année à Bordeaux, ils viennent de s’investir dans l'organisation du forum des métiers de la santé

Découvrir de nouveaux modes d'exercice – Marie Balerdi 21 ans – Attirée par les urgences et l'urologie, Marie a rapidement rejoint toutes les filles dans le groupe de pédiatrie. Mais, son circuit ne s’est pas arrêté là.
Ce forum lui a par exemple permis de découvrir la neurochirurgie et le nouveau métier de médecins hygiénistes. « J'ai été particulièrement étonnée par ce nouvel exercice dédié à la lutte contre les infections nosocomiales ou bien encore par les soins palliatifs, très étonnants, qui s'accompagnent d’une prise en charge psychologique. C'est un exercice très nouveau et ces forums permettent d’y réfléchir et de découvrir autre chose. »
Pousser la curiosité et rétablir quelques vérités – Thomas Garreau 19 ans – Thomas estime que ce partage d'expériences avec l'ensemble des spécialités rassemblées a permis de briser les préjugés sur certaines pratiques professionnelles.
Attiré par la chirurgie thoracique, ce forum lui a permis de confirmer son goût pour les urgences même s’il en a profité « pour scruter ce qui pouvait bien se raconter dans les autres spécialités ». Étonné par la dynamique présentation du fonctionnement des maisons de santé, Thomas était loin de penser que cet exercice « n'éloigne pas de l'hôpital comme cela est trop souvent répété ».
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