Les médecins, forces vives et enjeu politique

Publié le 28/03/2013

Déserts médicaux, postes vacants à l’hôpital, médecins de ville en mal de remplaçants ou de successeurs… Vieilles antiennes.

Aucune de ces situations ne date d’hier. Au fil de ses Atlas démographiques, le Conseil de l’Ordre égrène ses alarmes pour le versant libéral de la profession – « Actuellement 35 départements sont potentiellement en danger car ils cumulent la forte probabilité d’un départ massif d’ici à 2017 et une faible présence de jeunes générations en secteur libéral », peut-on lire à propos de la médecine générale dans la dernière édition de ce document. Quant au CNG (Centre national de gestion des praticiens hospitalier, des directeurs d'hôpitaux et des concours et examens), il fait désormais de même pour l’hôpital –au début de cette année, le Centre a constaté que dans les établissements publics, le taux de vacance statutaire s’élève à 24,2 % pour les praticiens à temps plein et à 39,5 % pour les PH à temps partiel.

Et puis il y a les rapports sur la démographie médicale (Berland, Legmann, Hubert…)  qui se suivent… et se ressemblent beaucoup. Y compris dans les suites –peu spectaculaires– qui leur sont systématiquement données.

Les années passent et, à défaut de réponses efficaces, les alertes restent de mise. Parfois, les « catastrophes » annoncées se produisent : les files d’attente de certaines spécialités s’allongent jusqu’à mettre en danger la santé des patients qui y « attendent leur tour », des zones basculent dans le trou noir de la « sous-médicalisation » ; des services hospitaliers ferment, privés de bras compétents. Ceci en dépit des quelque 15.000 praticiens à diplôme étranger qui exercent aujourd’hui la médecine en France (sept fois sur dix à l’hôpital).

Dans le débat public, la question de l’accès (économique comme géographique) aux soins monte en puissance. C’est d’abord un enjeu local : les élus ceignent leur écharpe et s’en vont dans la rue défendre leur maternité ou leur service d’urgence. Un cran au-dessus, ils défendent à Paris des

propositions de loi qui se musclent avec les législatures (la dernière en date est défendue par un groupe de 30 députés UMP emmenés par Guénhaël Huet –Manche).

Depuis deux quinquennats, le sujet est même présidentiel : Nicolas Sarkozy s’en est saisi dès son arrivée à l’Élysée, en 2007, tentant de réguler l’installation avant de se heurter aux internes ; François Hollande a promis du neuf avant et après son élection. Résultats ? L’avenant 8 à la convention médicale ; un pacte de confiance pour l’hôpital. À suivre…

 > Karine PIGANEAU

Source : lequotidiendumedecin.fr