À l’occasion de la journée mondiale de prévention du suicide, le 10 septembre 2012, Michèle Delaunay, la ministre déléguée chargée des personnes âgées a présenté un plan d’action contre le suicide des personnes âgées. Elle a rappelé que 30 % des 12 000 Français qui se sont donné la mort en 2011 avaient plus de 65 ans. Elle souligne que le fort taux de mortalité à l’issue des tentatives de suicide au grand âge atteste davantage d’une volonté de mourir que d’un appel au secours. Elle a qualifié ces suicides « d’actes qui traduisent une immense souffrance due à un sentiment d’isolement et d’inutilité». Parmi les pistes envisagées par le gouvernement, elle insiste sur le dépistage plus systématique des états dépressifs.
Du fait du manque de spécificités des symptômes, la dépression de la personne âgée reste difficile à diagnostiquer. La forme somatique concerne plus de la moitié des sujets âgés dépressifs. Dans ces cas, la dépression se présente sous la forme d'une pathologie organique (troubles digestifs, rhumatologiques, cardiaques ou respiratoires…). Il faut également être attentif aux variations brutales du comportement, la survenue d’une agressivité ou des accès de colère inhabituels. La forme cognitive s’exprime essentiellement par des altérations des fonctions supérieures.
Face à ces difficultés diagnostiques, l’Union Régionale des Professionnels de Santé Médecins Libéraux (URPS ML) du Nord-Pas-de-Calais a souhaité mettre en place un module de formation pluridisciplinaire à destination des médecins généralistes, des gériatres, des psychiatres, des psychologues et des infirmiers libéraux, afin d'améliorer le repérage de la dépression chez la personne âgée.
Un groupe de travail a créé une formation alternant parties théoriques et ateliers pratiques autour d’un cas clinique. L’idée était que chaque professionnel de santé pouvait apporter son expérience et inciter les autres à réfléchir différemment par rapport à son expérience. Fin juin 2012, six formations ont été mises en place, soit 129 personnes formées dont 51 généralistes.
Écoute active
La formation autour d’un cas avec l’interprétation de différents professionnels de santé a permis une modification notable de la pratique avec une meilleure prise en compte des troubles somatiques associés tels que les troubles du caractère ou le risque suicidaire. Le Dr Christian Quéval (généraliste à Heuchin) souligne : « Cela nous a permis de repérer les choses essentielles et de les formaliser davantage. On fait davantage attention aux troubles somatiques des personnes âgées qui peuvent exprimer une pathologie dépressive masquée. Des troubles du comportement récents ou une agressivité peuvent aussi suggérer un possible passage à l’acte suicidaire. L’idée suicidaire reste peu exprimée par la personne âgée. Autour d’un cas, on voit ce que nos confrères pensent et cela nous permet d’avoir une attitude différente?». Pour Sabine Verroul (Pôle Prévention, URPS Médecins Libéraux Nord Pas de Calais, Lille) qui a présenté ce travail lors des 32es Journées annuelles de la Société Française de Gériatrie et de Gérontologie, « cette action montre qu’il est possible de modifier les pratiques en réalisant des formations pluridisciplinaires de proximité ».
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