La consultation préconceptionnelle

Pour améliorer la morbidité maternelle et néonatale

Publié le 05/03/2015
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Crédit photo : PHANIE

Seulement 20 à 40 % de femmes bénéficient d’une consultation préconceptionnelle avec un professionnel de santé. Encourager une telle démarche permettrait de diminuer l’incidence des grossesses pathologiques (1 sur 5), la morbidité maternelle et néonatale, sans parler du coût en termes de santé publique.

L’âge moyen chez la primipare est de 28 ans et 3,5 % des grossesses ont lieu après 40 ans avec une nette augmentation des aberrations chromosomiques et de la morbidité (25 à 30 % après 35 ans).

Chez les femmes et les couples en âge de procréer, dépister les antécédents personnels, familiaux, obstétricaux et chirurgicaux pouvant avoir des répercussions sur la grossesse et la naissance, évite de se trouver confronté à une complication prévisible au moment de la grossesse. La consultation permet d’informer et d’instituer un régime pour obtenir un IMC ‹ à 25 (HTA, diabète gestationnel, maladie thromboembolique veineuse). Les conditions socio-économiques (transport, travail, hygiène de vie, diététique) sont analysées en détail pour être adaptées. On recommandera un sevrage tabagique, un arrêt de l’alcool, l’arrêt de consommation de drogues et des médicaments contre-indiqués. L’hygiène bucco-dentaire revêt une importance particulière.

Pathologies chroniques

L’examen clinique est général, TA, FC, examen des seins, la recherche d’infections génitales (vaginose, chlamydiae, Neisseria gonorrhoeae), les sérologies (rubéole, toxoplasmose, Hbs, VHC, HIV, varicelle) sans oublier les deux déterminations de groupe rhésus et recherche d’agglutinines irrégulières. Une vaccination contre la rubéole, voire varicelle et coqueluche (y compris pour le père) pourra être indiquée.

La prise en charge précoce des pathologies chroniques avec ajustement thérapeutique est fondamentale : un asthme, un diabète (contrôle pré-gravidique, FO, protéinurie), une HTA (remplacement de certains médicaments contre-indiqués), une hypothyroïdie (augmentation fréquente de l’opothérapie substitutive). L’insuffisance rénale chronique (80 à 90 % des femmes sont dialysées contre 20% en 1980), la sclérose en plaque ou le lupus imposent une surveillance renforcée. L’épilepsie impose l’arrêt de l’acide valproïque et de la dépakine.

Une enquête sur les maladies génétiques est par ailleurs indispensable. À ce stade, certaines causes de menaces d’accouchement prématuré (MAP) ou de retard de croissance intra-utérin (RCIU) peuvent être activement prises en charge.

L’acide folique est prescrite (400 µgr/j) jusqu’à 12 SA, ou 5 mgr/j en cas d’antécédents (défauts de fermeture du tube neural, diabète insulinodépendant, épilepsie).

La phénylcétonurie nécessite un régime débutant 3 mois avant la conception (phénylalanine), les hémoglobinopathies bénéficient d’une prise en charge spécifique et de folates (DPN) tout comme la fibrose kystique maternelle (DPN) - 25 % des nouveau-nés sont sains.

Sans revenir sur les indications liées à l’âge maternel du dépistage anténatal, il convient de citer l’intérêt de celui-ci dans les maladies héréditaires mendéliennes (autosomiques dominantes ou récessives, liées au sexe) ou métaboliques (hémophilies, hémochromatose, hyperplasie congénitale des surrénales...).

Dr Jean-Luc Lauliac

Source : Le Quotidien du Médecin: 9392