Des subtilités physiologiques

A l’écoute des différences du corps féminin

Publié le 05/03/2015
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Crédit photo : PHANIE

La femme est l’égale de l’homme, certes. Mais si les rôles sociaux convergent, les différences corporelles subsistent. Aurions-nous tendance à omettre ces variations ? Oui, observe le Dr Bernadette De Gasquet, spécialiste de biodynamique féminine. « Notre médecine occidentale ne prend pas en compte les particularités de la femme », assène la spécialiste.

Façonnée historiquement par la gente masculine et soumise aux mutations de la société, notre médecine serait plus adaptée au corps masculin qu’à son homologue féminin. Une erreur d’appréciation qui pourrait avoir des conséquences non négligeables - manquements diagnostiques, réponses inadaptées et conseils inappropriés - aux dires du Dr De Gasquet.

Un peu de bon sens

Parmi les spécificités du corps féminin insuffisamment considérées, le Dr De Gasquet énumère : laxité ligamentaire, lordose dorsale, organes suspendus, rétention d’eau, lourdeur des seins, variations pondérales, diastasis, cycle menstruel, etc. « Tout cela est très ignoré en France, contrairement à certaines cultures traditionnelles », regrette l’experte. Reposant exclusivement sur l’Evidence Based Medecine, nos pratiques auraient perdu le bon sens des traditions millénaires. Avec une retombée : celle de la montée d’affections plus ou moins bénignes. Constipation, fuites urinaires, tendinites, prolapsus, douleurs dorsales… autant de troubles routiniers qui bénéficieraient d’une prise en charge plus adaptée.

Spécialiste de dynamique urogynécologique, Bernadette De Gasquet donne l’exemple de la rééducation périnéale, dont elle souligne l’inefficacité : « il faut arrête de pousser vers le bas ! ». La musculature dorsale des femmes étant plus faible, surtout en deuxième partie de cycle, elle est plus soumise à la gravité. « Près de 60 % des femmes, et 80 % des sportives, souffrent de fuites urinaires. Il faut réagir », assène l’experte en périnéologie.

« On a essayé d’imiter les hommes »

Partant de ce constat, certains exercices (abdominaux, rééducation périnéale, musculation, etc.), et postures (portage ventral du nourrisson entre autres) tonifiant la pression abdominale, devraient être proscrits. Tandis que certaines règles simples, à visée non seulement préventive mais thérapeutique, mériteraient d’être énoncées, et pas seulement par les médias féminins, si prompts à l’injonction paradoxale – « tonifiez-vous et relaxez-vous ». Le discours ambiant, modélisé par la pression à la performance, pourrait être contrecarré par des réponses médicales plus sensées. « On traite beaucoup de choses par les médicaments plutôt que par la respiration, la posturologie, les exercices doux », observe Bernadette De Gasquet. Également professeure de yoga et conférencière, la spécialiste espère provoquer un « changement de mentalités » des professionnels de santé. « Jusqu’à maintenant, on a essayé d’imiter les hommes en prônant le dynamisme, et en poussant les limites de notre corps », énonce-t-elle. Il est temps d’accepter le corps de la femme tel qu’il est, et de ré-instiller des soins plus en phase avec ce dernier.

Dr Ada Picard

Source : Le Quotidien du Médecin: 9392