Chez 1 052 patients, l'étude de phase III TITAN (1) a comparé l'apalutamide (Erleada, 240 mg/j) à un placebo, avec dans les deux bras une hormonothérapie anti-androgénique (agoniste ou antagoniste de la LHRH). Les patients pouvaient avoir reçu précédemment un traitement par docétaxel.
33 % de réduction du risque de décès avec l'apalutamide
« Les résultats de l'étude sont positifs, à la fois en termes de survie sans progression que de survie globale », annonce le Pr Stéphane Oudard (hôpital européen Georges Pompidou, Paris). En effet, la réduction du risque de progression radiologique était de 52 % (HR = 0,48) et du risque de décès de 33 % (HR = 0,67). À deux ans, le taux de survie atteignait 82 % avec l'apalutamide versus 74 % sous placebo. Les critères d'évaluation secondaires (temps jusqu'à progression du PSA, temps jusqu'à progression lors de la seconde ligne de traitement) étaient également améliorés sous apalutamide.
Les profils de tolérance des deux bras étaient équivalents (environ 40 % d'effets indésirables de grade 3-4), hormis la survenue plus fréquente sous apalutamide de rashs cutanés (27 % vs 8 %) et de fatigue (20 % vs 17 %). « L'étude TITAN fait maintenant de l'apalutamide une alternative thérapeutique en première ligne métastatique des cancers de la prostate chez les patients hormonosensibles ».
Un bénéfice aussi observé avec l'enzalutamide
Présentée en session plénière et publiée au New England Journal of Medecine, l'étude de phase III ENZAMET (2) a randomisé 1 125 patients avec un cancer de la prostate hormonosensible, qui recevaient une suppression androgénique associée soit à l'enzalutamide (Xtandi, 160 mg/j), soit à un anti-androgène non stéroïdien (bicalutamide, nilutamide, flutamide). 45 % des patients étaient également traités concomitamment par docétaxel.
Avec un recul de 36 mois, le taux de survie global (objectif principal) était de 80 % sous enzalutamide versus 72 % dans le bras contrôle (p = 0,002), soit à nouveau une réduction de 33 % du risque de décès. « Les survies sans progression biologique et clinique sont également améliorées sous enzalutamide, avec des réductions des risques de progression respectivement de 61 % (HR = 0,39) et 60 % (HR = 0,40). Cependant, il semblerait que l'association concomitante d'enzalutamide et de docétaxel soit toxique. Il ne faut donc pas faire d'association entre la chimiothérapie et l'hormonothérapie de nouvelle génération ». Dans le bras enzalutamide, à part l'apparition plus fréquente d'hypertension (19 % versus 9 %) et de fatigue (31 % versus 15 %), il n'apparaît pas de majoration d'effets secondaires.
Quel traitement pour quels patients ?
« On a maintenant quatre options thérapeutiques (docétaxel, abiratérone, enzalutamide et apalutamide) qui peuvent être proposées chez les patients métastatiques hormonosensibles. Mais, nous n'avons pas encore de critères prédictifs permettant de différencier des groupes de patients préférentiels pour l'une ou l'autre des molécules. Le choix se fait en fonction des comorbidités et de l'association à la prednisone qui, chez des diabétiques, contre-indiquerait l'administration simultanée de docétaxel ou d'abiratérone. Chez les sujets âgés (> 75 ans), l'enzalutamide n'est pas recommandé car il peut être à l'origine de troubles neurologiques ou de convulsions. En cas de problèmes cutanées, l'apalutamide est à éviter en raison de l'apparition possible de rashs cutanés ».
D'après un entretien avec le Pr Stéphane Oudard, hôpital européen Georges Pompidou (Paris)
(1) Chi Kim N. et al. Présentation orale ASCO 2019 (abstr 5006)
(2) Sweeney Christopher et al. Présentation orale ASCO 2019 (abstr LBA2)
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