Depuis mon enfance, j'admirais le métier de chirurgien, mon idole était le Pr Barnard, avec qui je partageais les oreilles décollées, qui m'ont été recollées à 9 ans par un chirurgien qui deviendra plus tard mon patient !
Une de mes premières gardes d'apprenti chirurgien, alors que je venais d'apprendre que j'avais réussi l'internat et que j'en étais extrêmement fier, après bien des efforts et de sacrifices, je n'avais qu'une envie, disséquer et recoudre. Je suppliais les Seniors Internes et Chefs de Clinique de me prêter le bistouri et autres catguts, fils à peau, aiguilles de Reverdin etc... Expert de l'aide opératoire, je connaissais tout ça par cœur...Dès que je pouvais je prenais des gardes d'externe en chirurgie pour me faire la main.
Fin de garde épuisante de chirurgie de Noël 1979, Hôtel Dieu à Marseille, on reçoit une malheureuse de 20 ans accidentée ; polytraumatisme thoraco-abdominal, opérée en catastrophe, le Chef de Clinique et moi-même, on en veut à l'anesthésiste, qui en veut au centre de transfusion qui ne nous livre pas le sang rapidement, suture plaie béante du foie réussie, arrêt cardiaque, thoracotomie à la volée, massage cardiaque à la main, récupération, puis nouvel arrêt, nouveau massage à la main pendant plus de 30 minutes, le Chef de Clinique dégoûté, me laisse seul dans le bloc avec ce corps de 20 ans sans vie, à suturer la plaie abdominale, la plaie thoracique, et la rendre présentable à la famille qui n'a pas encore appris son décès. J'étais servi !
Il était 6h00 du matin, j'avais chaud malgré l'hiver, la fenêtre du petit bloc opératoire des urgences de l'Hôtel Dieu donnait sur les vielles rues du quartier du Panier, où comme à Naples les étendages barraient la rue, les prostituées rentraient se coucher, je tirais une longue bouffée de cigarette, versais de chaudes larmes et me questionnais sur les rigueurs du métier de chirurgien, j'avais à peine 28 ans, ce métier, je ne l'exercerai qu'un an, je finirai mon parcours vers les disciplines médicales en gardant à jamais le souvenir émouvant de ce Noël 79. Je continue à admirer ce noble métier ! »
Dr Michaël FINAUD (médecine interne)
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