Si le cœur Carmat a fait le buzz cette année sur le plan médiatique, au sein de la communauté scientifique ce sont surtout les résultats de l’étude Pradigm-HF qui ont suscité l’enthousiasme.
Nouveau « Paradigm » dans l’insuffisance cardiaque
Présentée à la fin de l’été lors du congrès européen de cardiologie, cette étude ouvre de nouvelles perspectives thérapeutiques dans l’insuffisance cardiaque chronique et consacre l’intérêt du « LCZ696 ». Ce nouveau médicament en développement associe au valsartan un inhibiteur de la néprilysine, une enzyme impliquée dans la dégradation des peptides natriurétiques, de la substance P et de la bradykinine
Dans l'étude Paradigm-HF, ce traitement a permis, versus enalapril, une réduction de la mortalité cardiovasculaire de 20 % et du risque d'hospitalisation pour IC de 21 %. Des résultats qui suggèrent que le LCZ696 pourrait à terme, remplacer avantageusement les IEC (et les ARA2, de fait) au sein de la trithérapie recommandée. D’ores et déjà la FDA et l’EMA examinent les demandes d’AMM.
L’espoir fou du cœur artificiel
À plus long terme l’espoir repose aussi pour les patients les plus sévères sur le développement de cœur artificiel. Largement médiatisé cette année, le cœur Carmat a ouvert la voie. Malgré le décès en début d’année du premier patient implanté, deux mois et demi après l’intervention, suite à une « défaillance technique », l’expérience se poursuit et un deuxième patient a pu être implanté en août. Deux autres patients doivent être sélectionnés pour d'autres transplantations et, à terme, si les résultats de ces quatre premières opérations sont jugés satisfaisants, Carmat « pourrait proposer aux autorités de tutelle, en France et dans d'autres pays, une nouvelle étude élargie à une vingtaine de patients suivis à plus long terme comme, par exemple, 180 jours ».
Autre espoir : en juin 2014, la production de cellules souches cardiaques à visée thérapeutique a été agréée par les autorités sanitaires françaises (ANSM). Deux équipes ont mis au point un procédé pour produire des cellules précurseurs cardiaques, destinées à soigner des patients qui présentent une insuffisance cardiaque grave. L’équipe va maintenant démarrer un essai clinique avec ces cellules chez six patients présentant une insuffisance cardiaque sévère.
Mais pour le moment, l’InVS ne peut que constater une baisse modeste de la mortalité pour insuffisance cardiaque depuis 2000, avec selon le BEH du 10 juillet 2014 un taux de mortalité diminué de seulement 4 % annuellement en cause initiale et de 3,5 % en causes multiples.
Encore beaucoup de disparités dans la prévention cardio-vasculaire
Dans un autre BEH publié en septembre, l’InVS pointe, par ailleurs, les disparités, notamment régionales, qui persistent en matière de morbimortalité cardiovasculaire et de prévention. Selon cette étude, les régions Nord-Pas-de-Calais, Picardie, Haute-Normandie, Champagne-Ardenne, Auvergne et Limousin présentent des taux plus élevés que la moyenne nationale pour les cardiopathies ischémiques, les maladies cérébro-vasculaires, l’insuffisance cardiaque et l’embolie pulmonaire.
Par ailleurs, la baisse importante de la mortalité cardio-vasculaire prématurée observée entre 2000 et 2010 n’a pas profité à tous de la même manière. Pour les auteurs, la prévalence élevée de certains facteurs de risque cardio-vasculaire et les disparités d’offre de soins permettraient d’expliquer une part importante de la
surmortalité prématurée dans certaines régions, même si on ne peut exclure des variations régionales de la qualité de la prise en charge lors de la phase aiguë. Des efforts supplémentaires de prévention primaire nécessitent d’être portés dans les régions les plus touchées afin de réduire les inégalités territoriales de mortalité prématurée par pathologie cardio-vasculaire.
Anticoagulants oraux directs : les autorités rassurent
De son côté l’ANSM a publié, coup sur coup, deux informations plutôt rassurantes sur les NACO (rebaptisés depuis anticoagulant oraux directs ou AOD). En avril, un premier rapport* montrait que, cinq ans après l’arrivée des premiers AOD sur le marché, leurs prescriptions commencent à marquer le pas, avec une stabilisation des volumes de ventes. Trois mois plus tard, deux études pharmaco-épidémiologiques ANSM/CNAM documentant pour la première fois le profil de sécurité des AOD « dans la vraie vie » ne mettaient en évidence aucun sur-risque hémorragique ni thrombo-emboliques. De bonnes nouvelles alors que l’arrivée d’antidotes pour ces AOD et des moyens de doser leur activité est attendue prochainement.
La polémique : quelles stratégies en pré-angioplastie ?
Si jusque peu, tout le monde était d’accord pour préconiser, devant tout syndrome coronaire aigu (SCA), une double anti-agrégation plaquettaire immédiate et précoce, en vue de l’angioplastie, les choses sont moins consensuelles depuis la parution cet été des recos de l’European Society of Cardiology sur la revascularisation myocardique. En substance, le texte remet en question le caractère immédiat et systématique de cette double anti-agrégation.
« Peut-être que nos habitudes de prescription de traitement antiagrégant plaquettaire, c’est-à-dire en urgence dès la moindre suspicion de SCA, de façon systématique avant la pose d’un stent et avec une durée de traitement incompressible d’un an en cas de stent actif, sont à revoir », reconnaît le Pr Henry (hôpital Lariboisière, Paris). De fait, l’étude ACCOAST sur lesquelles sont basées les nouvelles recos montre que traiter tôt, au moment du diagnostic n'apporte pas de bénéfice en termes de réduction des événements ischémiques mais majore le risque hémorragique au moment du geste de revascularisation.
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