Si le calendrier vaccinal 2013 avait revu en profondeur les habitudes vaccinales en population générale, celui de 2014 aura surtout apporté des modifications ciblées.
Parmi les nouveautés, on repère surtout le passage de la vaccination contre le HPV à un schéma en deux doses (contre trois auparavant) lorsqu’il est réalisé chez les jeunes filles entre 11 ans et 14 ans. « La tendance générale est de réduire le nombre des injections, comme pour l’HPV ou le DTP passé depuis 2013 à un rappel tous les 20 ans », explique le Pr Jean Beytout (CHU de Clermont-Ferrand).
La nouvelle feuille de route renforce aussi la stratégie de « cocooning » contre la coqueluche en recommandant, pour tout sujet en contact étroit avec un nourrisson de moins de six mois, une nouvelle dose (associée au dtPolio) quand la précédente date de 10 ans ou plus. De la même manière, chez les professionnels de santé, un rappel est désormais recommandé à 25, 45 et 65 ans.
Par ailleurs, les personnes à risque (adultes et enfants) devant bénéficier de la vaccination anti-pneumococcique ont été précisées. Il reste recommandé de vacciner par le vaccin à 23 valences les personnes non immuno-déprimées et par le vaccin conjugué à 13 valences d’abord puis par le vaccin polyosidique 2 mois plus tard les immunodéprimés.
Nouveaux vaccins en discussion
Tant attendu par les assciations de patients, le nouveau vaccin contre le méningocoque B n’a pas été retenu pour une vaccination généralisée. « Son schéma est complexe, son coût important pour un
bénéfice encore difficile à évaluer ; il n’est proposé que ponctuellement, autour d’un cas ou lors d’épidémies localisées », résume le Pr Beytout.
Quant au vaccin contre le zona et au vaccin rotavirus pour lesquels le HCSP avait émis un avis favorable la décision de mise sur le marché est différée. Pour le premier, (préconisé depuis 2013 pour la vaccination des personnes entre 65 et 75 ans) la mise sur le marché, le prix et le remboursement sont en cours de discussion. Concernant le vaccin anti-rotavirus, après plusieurs avis négatifs, le HCSP s’est prononcé début 2014 en faveur de la vaccination de tous les nourrissons. Pour arriver à cette position de rupture, le HCSP a pris en considération « l’impact bénéfique, dans les pays industrialisés, de cette vaccination qui réduit le taux d’hospitalisation de plus de 80 %, les données en faveur d’une immunité de groupe en cas de couverture vaccinale élevée et l’évaluation désormais précise du risque de survenue d’invaginations intestinales aiguës (IIA) post-vaccination, pour les deux vaccins existants ». Mais là encore le dossier est en discussion à la HAS.
À plus long terme, d’autres nouveaux vaccins pourraient faire leur apparition. Après des résultats plutôt encourageants cette année, le vaccin contre la dengue va être présenté à l’évaluation des experts en vue d’une utilisation dans la population des pays d’endémie. Des vaccins contre le chikungunya, voire Ebola sont évoqués mais loin d’être prêts et ne concerneraient, du moins en métropole que des groupes limités.
L’obligation vaccinale en question
Mais « ce qui nous préoccupe surtout, c’est la crainte d’une couverture vaccinale insuffisante?». Après une période creuse, la vaccination hépatite B progresse (mais reste insuffisante) ; celle contre l’HPV est faible ; la vaccination antigrippale a chuté ces dernières années. Dans ce contexte, le HCSP s’est prononcé à la rentrée en faveur d’un renouveau de la politique vaccinale, en remettant notamment en question la notion d’obligation. « C’est une évolution vers la modernité : les patients et leurs familles sont acteurs de leur santé ; il faut qu’ils puissent se déterminer en toute connaissance de cause. Les vaccins sont destinés à protéger les individus et la population : ils contribuent à une démarche de prévention qui engage toute la collectivité, en particulier les plus fragiles », insiste le Pr Jean Beytout.
La polémique : les campagnes anti-vaccination toujours virulentes
Les mouvements anti-vaccinaux sont bien ancrés en France, avec des allégations souvent infondées alors que les vaccins n’ont jamais été aussi bien évalués et surveillés. La vaccination anti-HPV était cette année au centre de la tempête, après les plaintes déposées par plusieurs patientes ou leur famille et une pétition de 420 médecins réclamant une mission parlementaire pour évaluer « l'opportunité » du vaccin. Diverses sociétés savantes, associations sanitaires et institutions publiques se sont mobilisés pour répondre de manière argumentée à ces contestations. En avril, l’ANSM présentait ainsi de nouvelles données de sécurité rassurantes « ne remettant pas en cause le rapport bénéfice/risque favorable de ce vaccin ». Un mois et demi plus tard, 17 sociétés savantes et associations sanitaires dénonçaient « une polémique scientifiquement infondée ».
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