Si globalement, les relations généralistes-spécialistes sont plus sereines et plus constructives qu’avant, il y a des exceptions. Et parmi elles, les hospitaliers sont l’objet des plus nombreuses critiques.
S’il apparaît clairement, au regard de vos réponses à notre enquête, que le sempiternel conflit généralistes-spécialistes appartient à des temps quasiment révolus, il en va tout autrement des relations entre généralistes libéraux et spécialistes hospitaliers. Avec un grief récurrent : les retards de courriers. Une réalité, quasi quotidienne semble-t-il, que résume le Dr Michel Pillard, généraliste à Villeurbanne, dans un style télégraphique, ô combien éloquent : « Distinguons les spécialistes libéraux, toujours joignables, courrier dans les 24 à 48 heures, aimables et courtois, de certains praticiens hospitaliers, injoignables, « en consultation ne pas déranger », courrier trois semaines après, absents après 16 h 30 ». Qu’en termes élégants ces choses-là sont mises…
Dans l’Essonne aussi, les mêmes causes produisent les mêmes effets. À un détail près, le Dr Jeanine Dausque-Viratelle, quant à elle, continue à ranger spécialistes hospitaliers et libéraux dans un même panier : « L’hôpital nous délègue (et les spécialistes aussi) de plus en plus les tâches ingrates, comme faire les arrêts de travail à la sortie de l’hôpital ».
Et ce n’est manifestement pas l’instauration du parcours de soins qui a fait évoluer les choses. Pour preuve ce témoignage du Dr Alain Seve qui estime, que « le parcours est trop souvent shunté par les spécialistes, qui, sans notre accord, ni oral ni écrit, reçoivent nos patients en indiquant faussement que nous les leur avons adressés ». D’ailleurs n’allez pas questionner ce médecin généraliste essonnais sur ses rapports avec le monde hospitalier. C’est bien simple, « c’est affreux au point que je ne travaille plus avec les hôpitaux, sauf services d’urgence ».
Voici pour les chagrins. Heureusement tout le monde ne partage pas des expériences aussi désagréables. En tout cas, pas le Dr Daniel Levy-Bencheton, qui se décrit comme étant « de la vieille école » et qui, à Istres dans les Bouches-du-Rhône, a « toujours eu des rapports très agréables car très complémentaires avec (ses) correspondants spécialistes exerçant en libéral et avec les hospitaliers, même avec les « patrons ». Comme quoi, les relations harmonieuses, ça existe, même si elles tiennent aussi tout simplement à la seule nécessité. À Créteil, c’est en tout cas le constat que fait le Dr Jean Landrot, pour qui « le couple généraliste/spécialiste est souvent indispensable ». Son confrère du département voisin, le Dr Jean-Yves Destouches, fort de ses trente-deux ans d’exercice comme médecin généraliste à Bagneux, considère, ses « relations avec les spécialistes dans l’ensemble très satisfaisantes ». À l’exception toutefois des psychiatres « qui, dans plus de 90 % des cas, n’assurent pas leur rôle de correspondant. Absence de disponibilité, absence de retour d’information », diagnostique-t-il. Tandis que dans les Hauts-de-Seine, ce sont les neurochirurgiens hospitaliers qui sont dans le collimateur du Dr Pierrette-Bernard Bérard. Elle juge ces derniers « absolument odieux, les autres spécialistes entretiennent, eux, de bonnes relations, mais un peu tardives », estime ainsi la généraliste francilienne… En résumé, si dans l’ensemble, le couple généraliste-spécialiste continue à apprendre à dialoguer, il semble le faire plus aisément qu’auparavant. Il ne lui reste manifestement plus qu’à apprendre à s’écrire régulièrement.
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