« La règle première, pour limiter le risque d’agression est de ne pas exercer seule. Mais cette précaution peut s’avérer insuffisante. Lorsque j’ai été rouée de coups et délestée de mon ordinateur portable, en 2005, je sortais de mon cabinet accompagnée de ma secrétaire. Notre binôme n’a pourtant pas découragé nos agresseurs qui avaient parfaitement préparé leur forfait et nous ont tendu un véritable guet-apens. Et ce n’est pas la vidéosurveillance, à laquelle je reste farouchement opposée pour des raisons philosophiques, qui aurait pu changer quoique ce soit.
Etre une femme, ne doit pas non plus être considérée comme un facteur de risque supplémentaire, car face à des agresseurs fermement déterminés, le sexe de la victime importe peu. Je ne suis pas sure, par exemple, que le fait d’être un homme m’aurait évité trois semaines d’interruption temporaire de travail (ITT). A l’heure où la profession se féminise de plus en plus, il est d’ailleurs intéressant de noter que les femmes médecins ne sont pas forcément plus souvent agressées que leurs confrères.
Il est en revanche primordial de ne pas exercer dans des zones désertes ou isolées. Et cela tient à très peu de chose. Après l’agression, avec ma consœur, nous avons décidé de déménager de 500 mètres pour nous rapprocher d’autres professionnels de santé. Moins isolées, nous avons ainsi calqué nos horaires de consultation sur ceux des autres professionnels, à côté desquels nous sommes désormais installés. De la même manière, je suis convaincue que le rapprochement avec d’autres professionnels de santé peut contribuer à décourager d’éventuels agresseurs.
Il faut enfin avoir à l’esprit que toutes les agressions de médecins ne se ressemblent pas. Il me semble ainsi important de distinguer selon que l’agression se déroule dans un cadre quasi extra-professionnel ou qu’elle ait lieu dans le cadre d’une consultation ou d’une visite. Dans cette dernière hypothèse, au Havre, la profession dans son ensemble a décidé de participer au financement d’un service de chauffeurs qui accompagnent systématiquement les praticiens lors de leurs visites. A charge pour ces pseudo gardes-du-corps de protéger le médecin qu’ils convoient à partir de 17h, toute la nuit et les week-ends.
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