?Le Généraliste. Le nombre de déclarations d’incidents est sensiblement égal à celui des années précédentes ; est-ce à dire qu’il s’agit d’une forme de taux incompressible ?
Dr F. G. On pourrait le penser; si l’on compare l’évolution des chiffres sur les cinq dernières années, la courbe est à peu près plane, sauf en 2007 où l’on a enregistré un pic des déclarations. Pour autant, cela reflète-t-il l’étendue de la situation, sur le terrain ? Car il y a encore beaucoup d’agressions dont nous sommes informés qui ne sont pas déclarées.
Comment expliquer ce phénomène?
Dr F. G. La première réponse, c’est qu’en tant que médecins, nous ne souhaitons pas enfoncer nos patients. Mais il y a aussi une forme de désabusement de la part des médecins. Ils ont l’impression que les services de police et de justice ne s’occupent pas bien d’eux. Sur cent plaintes déposées en 2006, on était arrivé je crois, à deux condamnations… Enfin, entre le moment de la déclaration et lorsque celle-ci est suivie d’effets, il peut s’écouler beaucoup de temps.
Les médecins généralistes sont les premiers touchés par l’insécurité au sein de la population médicale.
Ont-ils perdu leur statut privilégié au sein de la société ?
Dr F. G. Je crois qu’il y a, en effet, une dérive violente dans la perception que la population a de cette profession, à la manière de ce qui se produit par exemple envers les pompiers, un autre corps de métier jusqu’ici préservé. Cela devient normal d’attaquer, d’agresser physiquement un médecin, et ce qui nous préoccupe le plus dans les résultats de cette année, c’est l’augmentation des actes violents.
Comment améliorer la prévention et le traitement des agressions des médecins ?
Dr F. G. Nous y travaillons, d’une part en développant une coopération entre tous les professionnels de santé au niveau ordinal. D’autre part, nous continuons à marteler le message, qu’ « il faut porter plainte et déclarer »; d’ailleurs, les déclarations peuvent aujourd’hui se faire en ligne(*). Ensuite, nous allons essayer de mettre en place des séances de formation de réponses à l’agression : comment éviter qu’elle ne survienne, et comment faire face lorsqu’elle a eu lieu. Enfin, nous travaillons, au niveau national, avec des représentants du ministère de l’Intérieur et de la Justice pour faciliter les dépôts de plainte et en accélérer les suivis. Tandis que sur le terrain, les instances ordinales s’attelent à réactiver les liens locaux avec les correspondants de la police et de la gendarmerie.
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