Je n’ai pas eu à pâtir personnellement de violences dans le cadre de ma pratique professionnelle, mais mes responsabilités syndicales au sein de MG France m’ont plusieurs fois donné l’occasion de soutenir des confrères agressés. Je dois dire que le schéma est toujours le même : toutes proportions gardées, le praticien agressé se retrouve dans la même situation, que lors d’un viol. Il a besoin de dénoncer ce qu’il a subi pour pouvoir commencer à se reconstruire. Cette révolte lui permet d’affirmer et d’afficher son refus de cautionner la violence. Cependant, il va de soi que cette dénonciation, pour aussi rapide qu’elle doive être, nécessite que le risque physique n’existe plus.
Il est par ailleurs indispensable que tout médecin agressé se sente soutenu dans l’épreuve qu’il traverse. Dans les cas dont j’ai eu à m’occuper, il est à noter que le soutien de l’ensemble des professionnels de santé du secteur – pharmacien, dentiste, biologiste, infirmières, kinésithérapeutes… - a été précieux pour la victime. Elle s’est tout de suite sentie épaulée et a donc plus facilement remonter la pente. D’où l’intérêt de s’organiser en amont afin de pouvoir réagir immédiatement, sans perdre de temps.
Une structure organisée permet par ailleurs de mettre en place diverses actions préventives. A Vénissieux, où le risque est relativement important, nous avons ainsi installé un système de vidéosurveillance dans nos salles d’attente. Cette solution présente en outre l’avantage de la rapidité. Aucune autorisation de la Commission nationale informatique et liberté (Cnil) ou de la préfecture n’est en effet nécessaire, puisqu’il s’agit d’un domaine privé.
Le soutien de la patientèle, et plus largement de l’ensemble de la population locale, est également important. A chaque fois qu’une agression a eu lieu, tant en 1999, qu’en 2006, aux côtés des professionnels de santé, les habitants de Vénissieux se sont mobilisés. Des marches spontanées ont ainsi été organisées de l’hôtel-de-ville jusqu’au quartier des Minguettes, où les agressions avaient eu lieu. Des tours de gardes ont même été mis en place par certains habitants. Ce sont des témoignages de soutien symboliques, mais excessivement importants pour les praticiens agressés qui ont ainsi pu mesurer l’importance de leur rôle dans le tissu local.
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