Les nausées et vomissements sont extrêmement fréquents au cours de la grossesse, puisqu’ils concernent 70 % des femmes enceintes, jusqu’au troisième trimestre dans près de 15 % des cas. S’ils sont le plus souvent légers (40 %) ou modérés (46 %), ils peuvent être sévères, avec dans de 1 % à 3 % des cas une hyperémèse gravidique. Cette forme grave expose au risque de déshydratation et peut imposer une hospitalisation. Elle entraîne également une demande d’interruption volontaire de grossesse chez 15 % des femmes, alors que la grossesse était désirée.
Après avoir éliminé les diagnostics différentiels, le recours à l’échelle PUQE modifiée (modified pregnancy-unique quantification of emesis and nausea index) permet d’évaluer la sévérité des symptômes, qui guide la prise en charge thérapeutique. Or, malgré la fréquence de ces symptômes et leur gravité dans un nombre non négligeable de cas, il n’y a pas de recommandations de prise en charge. C’est ce qui a conduit la Dr Imane Bencherif (Colomiers), dans le cadre de son travail de thèse, à faire une revue de la littérature pour proposer un guide pratique de prise en charge destiné aux médecins généralistes ; 17 publications ont été retenues, dont 7 revues systématiques, 6 méta-analyses et 4 essais cliniques randomisés.
Dans les formes légères (score PUQE < 7), le gingembre et l’acupression ont montré une certaine efficacité. En revanche, l’aromathérapie, l’acupuncture et l’hypnose n’ont pas fait la preuve de leur intérêt.
« En cas d’échec, plusieurs approches pharmacologiques ont été évaluées, mais aucune n’a d’autorisation de mise sur le marché dans cette indication, qu’il s’agisse de la vitamine B6, de certains antihistaminiques, notamment la doxylamine, parfois associée à la vitamine B6, du métoclopramide ou de la chlorpromazine », a souligné la Dr Bencherif. L’ondansétron peut être envisagé dans les formes sévères, sur ordonnance d’exception (hors AMM et non remboursé).
Des lacunes dans l’information des patientes
Autre problématique de la grossesse : la prévention primaire de l’infection à cytomégalovirus, première cause d’infection congénitale d’origine virale. Une primo-infection maternelle survient dans 1 % des grossesses, avec une transmission au fœtus dans 40 % des cas, ce qui représente 4 000 nouveau-nés chaque année en France. Parmi eux, 600 auront des séquelles (le CMV est la deuxième cause de surdité bilatérale), et 120 décéderont. La contamination se fait surtout par contact avec des sécrétions infectées, le principal réservoir étant les enfants de moins de 3 ans : 1 sur 4 est excréteur du virus, surtout s’il est gardé en collectivité.
Or, malgré la fréquence de cette infection et la morbimortalité qui lui est imputable, l’information sur les gestes de prévention au cours de la grossesse paraît insuffisante. En témoignent les résultats d’une enquête réalisée dans le cadre du travail de thèse de la Dr Camille Lemaire-Kieffer (Tourcoing) dans les hôpitaux du Nord. Les données issues de 292 questionnaires montrent que moins de 10 % des femmes ont été informées des mesures spécifiques de prévention de cette infection, quand à 90 % elles l’ont été pour la toxoplasmose et à 77 % pour l’hygiène alimentaire, le tabac et l’alcool. Elles sont peu nombreuses, tout comme leurs conjoints, à connaître les bonnes habitudes à adopter pour éviter la contamination par les jeunes enfants : ne pas partager les ustensiles de repas, ne pas sucer la tétine, éviter de les embrasser sur la bouche, se laver fréquemment les mains, systématiquement après avoir mouché ou changé un enfant… Une fiche à destination des femmes peut être téléchargée sur le site internet du Collège national des gynécologues et obstétriciens français (1).
Communications des Drs Imane Bencherif (Colomiers) et Clotilde Durand-Cheval (Lille)
(1) www.cngof.fr/actualites/403-cytomegalovirus-et-grossesse
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