Cette question était déjà évoquée par Antoine Ryckewaert dans le premier volume de l’Actualité Rhumatologique en 1964 puis en 1977. Il avait proposé le seuil de 70 mg par litre. Depuis, la lecture de la littérature médicale montre de grandes divergences dans la définition de l’hyperuricémie. La valeur seuil ne sera pas la même selon que l’on considère une définition statistique de la normale ou que l’on cherche à approcher le diagnostic ou la prévention de la goutte, voire à évaluer le risque cardiovasculaire. Si l’on se réfère à une définition statistique, l’uricémie est plus élevée chez l’homme que chez la femme mais elle est variable également en fonction de l’ethnie et de l’âge.
Si l’on s’en tient à une définition physicochimique de l’hyperuricémie, il semble logique de prendre en compte le point de saturation de l’urate de sodium. À 37°, celui-ci est atteint lorsque l’uricémie est aux environs de 384 µmol ou 64 mg par litre. Mais la solubilité de l’urate de sodium diminue en fonction de la température, ce qui pourrait expliquer que la goutte touche surtout les articulations distales qui sont plus froides. À 35°, température estimée du gros orteil, la limite de solubilité de l’urate de sodium est atteinte à 360 µmol ou 60 mg par litre mais le processus de cristallisation de l’urate de sodium peut être modifié par certains éléments de la structure du cartilage. Il faut donc revenir à une définition clinique : le risque de goutte augmente avec l’uricémie et avec la durée de l’hyperuricémie. Les études conduisent à considérer que le risque de goutte apparaît dès 60 mg par litre lorsque l’uricémie reste longtemps à ce taux. La proposition d’utiliser le seuil de l’hyperuricémie à 60 mg peut donc être défendue et a comme intérêt pratique de donner le même chiffre que celui de l’uricémie cible sous traitement hyperuricémiant.
D’après la communication : Quelle est l’uricémie normale ? du Pr Thomas Bardin
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