Les enfants représentent de 1 à 2 % des cas d’infection par le Sars-CoV-2 dans le monde, qui est rare avant 10 ans ; ils ne comptent que pour une extrême minorité des cas hospitalisés. La plupart des enfants infectés sont asymptomatiques ou présentent des symptômes bénins. Les symptômes gastro-intestinaux sont les plus fréquemment signalés (10 à 33 %), après la fièvre et la toux. Des symptômes neurologiques sont aussi souvent relevés (43 %).
Les formes les plus graves sont rapportées chez les enfants présentant des comorbidités associées, notamment un handicap neurologique avec des pneumonies récurrentes ; les enfants asthmatiques ne seraient quant à eux pas plus à risque.
La première alerte à Londres
Le syndrome inflammatoire multisystémique pédiatrique, temporellement associé au Sars-CoV2 (Pims-TS) également appelé MIS-C, est observé quatre à cinq semaines après l’infection aiguë dans environ 0,05 % des cas. À l’inverse des autres formes de Covid-19, les enfants atteints d’un syndrome inflammatoire multisystémique présentent moins de comorbidités.
« Près de la moitié des cas sont sévères, avec un dysfonctionnement myocardique, et exigent une admission en unités de soins critiques », a expliqué la Dr Liz Whittaker (Imperial College, Londres), qui a été l’une des premières à observer ce syndrome à Londres en avril 2020. Les autres symptômes sont essentiellement dermatologiques et gastro-intestinaux. Des parallèles ont été faits entre les présentations de ce syndrome et d’autres pathologies, dont la maladie de Kawasaki, le syndrome du choc toxique, le sepsis viral ou encore la lymphohistiocytose hémophagocytaire (HLH).
La définition clinique actuelle du syndrome inflammatoire multisystémique pédiatrique est un enfant ou un jeune adulte jusqu’à l’âge de 21 ans, présentant plus de trois jours de fièvre, des marqueurs inflammatoires élevés, des signes d’infection au Covid-19 ou un résultat positif à un test Covid-19 ainsi que deux des symptômes suivants :
- éruption cutanée/conjonctivite bilatérale non purulente ou des signes d’inflammation mucocutanée ;
- hypotension ou état de choc ;
- signes de dysfonctionnement myocardique, de péricardite, de valvulite ou d’anomalies coronariennes ;
- éléments révélateurs d’une coagulopathie ou de problèmes gastro-intestinaux aigus.
Les examens biologiques montrent des neutrophiles augmentés, des D-dimères élevés et des taux bas d’hémoglobine, de lymphocytes et d’albumine sérique. Les taux de troponine/NT-proBNP sont élevés.
« Les tests PCR Sars-CoV-2 sont souvent négatifs alors que les taux d’anticorps IgG sont souvent élevés », a fait remarquer la Dr Liz Whittaker. Une étude américaine montre une incidence plus élevée dans les populations noires (1).
Spectaculaire mais la majorité des enfants se rétablit
Une revue de la littérature indique que 71 % des enfants ont nécessité des soins intensifs, 22 % ont eu une ventilation mécanique et 4 % une oxygénation par membrane extracorporelle (2).
Cependant, la majorité des enfants se rétablissent rapidement, avec une durée moyenne de séjour à l’hôpital de 7,9 jours. Dans une cohorte américaine, les jeunes patients ayant une fonction systolique ventriculaire gauche réduite (34,2 %) et ceux ayant un anévrisme de l’artère coronaire (13,4 %) se sont en grande majorité (respectivement 91 % et 79,1 %) normalisés dans les 30 jours.
Un consensus de prise en charge par la méthode Delphi a été défini (3) : en 1re ligne, immunoglobulines IV 2 g/kg, en 2e ligne méthylprednisolone IV (10-30 mg/kg), en 3e ligne thérapies biologiques (toculizimab, infliximab).
Un mécanisme non élucidé
Bien que Pims-TS et maladie de Kawasaki partagent beaucoup de caractéristiques cliniques et immunologiques communes, il existe de nettes différences entre les deux. Un certain nombre d’études sont en cours pour explorer l’immunopathogenèse de l’inflammation du Sars-CoV-2 chez les enfants. Il existe de nombreuses similitudes entre les troubles inflammatoires de l’enfance et la phase inflammatoire de l’infection aiguë au Covid-19 chez les adultes, ce qui conduit à penser qu’il existe un mécanisme sous-jacent similaire.
Enfin, les experts craignent que les enfants puissent, eux aussi, présenter des symptômes de Covid long. « Il est urgent de mieux comprendre les effets du Covid-19 chez les enfants, à la fois celui du virus mais aussi les effets collatéraux de la pandémie dus au confinement, à la fermeture des écoles… », a conclu la Dr Liz Whittaker.
Exergue : Souvent, les tests PCR Sars-CoV-2 sont négatifs, alors que les taux d’anticorps IgG sont élevés
Communication de la Dr Liz Whittaker : « Immunopathogenesis of Covid-19 and inflammatory disease : lessons learned from the pandemic » (1) Payne A et al. Jama Netw Open 2021;4(6) :e2116420 (2) Ahmed M et al. E clinical Medicine 2020 ;26 :100527 (3) Harwood R et al. Lancet Child Adolesc Health 2021 ;5 :133-41
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