En oncologie la décision thérapeutique est basée sur la réunion de concertation pluridisciplinaire (RCP) spécialisée en oncologie. « Mais depuis plus de 10 ans une seconde RCP, indépendante, dédiée au risque thérapeutique vient moduler la décision à l'hôpital Cochin », explique le Pr François Goldwasser (CHU Cochin, Paris).
Recueil dédié des données cliniques et paracliniques
Les informations sont recueillies durant une hospitalisation dédiée en hôpital de jour par une équipe pluridisciplinaire. En pratique le patient rencontre de façon systématique un cancérologue mais aussi un pharmacien, un diététicien et un psychologue. Peuvent s'y ajouter en fonction du niveau de risque une consultation avec un anesthésiste, un gériatre, un diabétologue, un cardiologue…, toujours en hôpital de jour. Les données cliniques et paracliniques obtenues visent à apprécier la faisabilité du traitement et les mesures de précaution à associer avant, durant ou après le traitement (intercures).
Analyse multidisciplinaire des risques
La RCP analyse le risque de surdosage, en fonction de la fonction rénale, hépatique, de l'albuminémie, et des comédications. Le pharmacien joue un rôle important. Il interroge les bases de données sur les interactions non seulement avec les médicaments prescrits mais aussi avec les autres traitements - médecines complémentaires ou naturelles - éventuellement adoptées par le patient. On évalue aussi sur le risque de toxicité et la fragilité du patient en fonction notamment des comorbidités. Et les conclusions de la RCP sont rendues dans la semaine pour ne pas retarder l'initiation du traitement.
Deux tiers d'ordonnances modifiées, deux tiers de recours aux urgences en moins
Nous avons évalué l'utilité de cette RCP sur près de 400 patients. Les résultats présentés à l'ASCO en 2014 montrent qu'à l'issue de cette RCP deux tiers des prescriptions avaient été modifiées. Un tiers a été revu à la baisse mais un autre tiers a contrario a été revu à la hausse. Le niveau de risque thérapeutique du patient en RCP oncologique est donc manifestement aussi fréquemment sous-estimé que surestimé. Or les patients ayant bénéficié de cette RCP risque ont eu un recours aux urgences réduit de 67 %. « La prise en compte précoce, avant l'initiation du traitement, des facteurs de risque individuels permet donc de peser significativement sur le risque de complications », conclut François Goldwasser.
D'après un entretien avec le Pr François Goldwasser ( CHU Cochin, Paris)
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