Tout en soulignant l’intérêt de la biologie, les experts de l’Académie européenne d’allergologie et d’immunologie clinique (EAACI) rappellent qu’aucun diagnostic d’allergie ne peut être retenu en l’absence de manifestations cliniques évocatrices (1).
À l’étape 1, elle préconise une anamnèse clinique détaillée. Un interrogatoire structuré atteint une précision diagnostique de 91,7 % (2), en examinant les circonstances d’exposition à l’aliment suspecté, le délai d’apparition des symptômes (immédiat ou retardé), l’éventuelle présence de cofacteurs, la reproductibilité des épisodes et la nature exacte des manifestations cliniques.
L’étape 2 recommande la réalisation de tests cutanés et/ou le dosage des IgE spécifiques sériques dirigés contre les extraits allergéniques pertinents (les panels sont déconseillés). L’utilisation d’aliments frais en prick to prick est indiquée, en raison de la présence d’allergènes labiles. Les oléorésines ou les allergènes lipophiles contenus dans la pâte de sésame ou certains fruits à coque échappent également à la détection par les extraits standards.
C’est à l’étape 3 qu’apparaissent les tests au moyen des IgE moléculaires. À ce stade, le dosage des IgE spécifiques dirigées contre Ara-h-2, Cor-a-14 et Ana-o-3 est indiqué dans le cadre du diagnostic des allergies à l’arachide, à la noisette et à la noix de cajou, respectivement. Leur performance diagnostique est supérieure à celle des IgE sériques dirigées contre les extraits natifs. Ce recours est justifié en cas de tableau clinique peu évocateur, ou lorsque les tests de première intention (prick-tests et IgE sur extraits) sont imprécis, discordants ou peu informatifs. Il prend par exemple tout son sens dans les syndromes pollen-aliments, où l’évaluation du risque allergique réel s’avère souvent plus complexe.
Le dosage des allergènes moléculaires est indiqué dans les syndromes pollen-aliments
L’étape 4 préconise de recourir aux tests d’activation des basophiles (TAB) à l’arachide ou au sésame (coût élevé, accessibilité restreinte) lorsque le diagnostic reste incertain, ces deux aliments étant les seuls pour lesquels la précision diagnostique des TAB est satisfaisante.
L’étape 5 liste ce qui n’est pas indiqué : seuls sont recommandés les tests diagnostiques cités ci-dessus chez les patients suspectés d’allergie alimentaire IgE-médiée. On oublie donc l’utilisation isolée des dosages d’IgG et de leurs sous-classes, ainsi que d’autres tests non validés, tels que les dosages d’anticorps anti-leucocytaires (Alcat), le dépistage électrodermal, l’analyse des cheveux, la kinésiologie appliquée, l’iridologie ou l’analyse génétique.
Étape 6 : réévaluer « régulièrement » (sans fréquence spécifiée faute de données contrôlées) les enfants présentant une allergie alimentaire afin de détecter l’éventuelle acquisition spontanée de tolérance. En effet, l’allergie alimentaire peut disparaître spontanément, en particulier chez les plus jeunes : chez 50 à 90 % des enfants allergiques au lait de vache ou à l’œuf vers l’âge de 5-6 ans, 20 à 30 % des allergiques à l’arachide, 9 % des allergiques aux fruits à coque ou au sésame et 45 % des allergiques au poisson à l’adolescence (3-4).
Ensuite, à l’étape 7, le test de provocation orale (TPO) est recommandé pour confirmer ou exclure une allergie alimentaire chez les patients présentant une sensibilisation IgE et un diagnostic incertain. Il permet de différencier la sensibilisation de l’allergie avérée et d’éviter des exclusions alimentaires inutiles.
Quant à l’étape 8, exceptionnelle, il s’agit des tests de provocation orale en double aveugle contrôlés par placebo ; ils sont réservés aux patients dont le TPO ouvert est indéterminé ou dans le cadre de la recherche.
(1) Santos AF et al. Allergy. 2023 ;78(12):3057-76
(2) Erlewyn-Lajeunesse M. Arch Dis Child Educ Pract Ed. 2019 Dec;104(6):286-91
(3) Peters RL et al. J Allergy Clin Immunol. 2022 Sep;150(3):657-665.e13
(4) Spolidoro GCI et al. Front Allergy. 2021 Sep 24;2:711945
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