Il suffit de les prendre en charge

Les précaires arrêtent aussi bien que les autres

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Publié le 16/11/2017
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précaires

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Crédit photo : Phanie

Comment favoriser l’arrêt du tabac chez les personnes en situation de précarité ? « C’est une question essentielle de santé publique dans notre pays. Les personnes en difficulté sociale ont une consommation plus importante que celles plus favorisées socialement. En France, la prévalence du tabagisme chez ces personnes à bas revenus a encore progressé entre 2010 et 2016 », souligne la Dr Anne-Laurence Le Faou, présidente de la Société francophone de tabacologie (SFT). « Ce sont pourtant ces fumeurs qui auraient le plus besoin de s’arrêter car chez eux, l’incidence des maladies liées au tabac est plus élevée et l’achat du tabac ampute largement leurs revenus », ajoute-t-elle.

Selon la Dr Le Faou, les professionnels de santé ou les travailleurs sociaux ont parfois des réticences à aborder cette question du tabac avec les personnes en précarité. « Il y a cette idée que fumer est une sorte de béquille du quotidien qu’on ne peut pas leur enlever, indique-t-elle. Pourtant, les études montrent que ces patients arrêtent autant que les autres quand ils sont bien pris en charge dans des consultations de tabacologie. Ils peuvent en effet y trouver un soutien comportemental important. Chaque consultation supplémentaire augmente le taux de sevrage » (1,2). En outre, elles hésitent à avancer les frais des traitements de substitution nicotinique pour ce qu'elles estiment être un comportement et non une dépendance.

L'Assurance-maladie permet à certaines consultations de tabacologie de donner un coup de pouce au début du sevrage pour ces fumeurs en fournissant des fonds destinés aux substituts. « L'idéal serait la prise en charge financière de tous les traitements d'aide à l'arrêt comme pour l'ensemble des médicaments remboursés », souligne la Dr Le Faou (3).

(1) Baha M, et al. Prev Med 2016;90:34-8 
(2) Deschenau A et al. Rev Mal Resp 2017;34:44-52 
(3) Le Faou AL et al. Rev Epidemiol Sante Publique 2005 Nov;53(5):535-48

Antoine Dalat

Source : Le Quotidien du médecin: 9619