Jugés à Paris au procès du scandale du Mediator, d'anciens experts auprès de l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) accusés d'avoir été sous « l'influence » des laboratoires Servier ont rejeté tout lien « suspect » avec la firme.
« J'étais parfaitement dans les clous », a martelé, ce mercredi à la barre, le Pr Michel Detilleux, 77 ans, ancien consultant pour Servier tout en siégeant à une commission de l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ex-AFSSAPS). Les mêmes faits sont reprochés à Bernard Rouveix, 73 ans, entendu, quant à lui, mardi par le tribunal qui les juge tous deux pour « prise illégale d'intérêts ».
Ont-ils « renseigné » la firme sur les positions internes de l'Agence et ont-ils proposé à Servier une « stratégie » sur le Mediator, un des médicaments qu'ils étaient chargés de surveiller ? « Jamais », ont indiqué les deux prévenus. « Pourquoi je l'aurais fait ? Je n'étais pas un sachant sur le Mediator », a signalé le Pr Bernard Rouveix, spécialiste en infectiologie. De cet antidiabétique largement prescrit comme coupe-faim, le Pr Rouveix se souvient surtout qu'il n'était pas « indispensable ».
« Je tombe du wagon de pommes ! »
Comment le Pr Rouveix justifie-t-il alors ce document interne au groupe selon lequel il aurait évoqué une substance chimiquement proche du Mediator ? « Je tombe du wagon de pommes ! Je n'ai jamais fait ça », assure-t-il. Et ce fax de juin 2007 dans lequel le groupe Servier lui demandait un retour d'informations sur les décisions concernant la firme ? « On a retrouvé cela chez moi, mais je ne l'explique pas, je n'ai jamais eu de fax », esquive-t-il. Dans une autre note, il conseillait aux laboratoires de rappeler aux médecins « l'indication thérapeutique » du Mediator.
« Je ne vois pas quel est le mal que j'ai pu faire », tranche Bernard Rouveix. Consultant de plusieurs laboratoires, également expert judiciaire, il assure n'avoir « jamais reçu de stylo à bille de Servier », ajoutant que s'il n'a d'ailleurs jamais fait de déclarations d'intérêts, c'est que son « rapport très indirect » avec Servier ne lui « apparaissait pas comme un conflit majeur ». Michel Detilleux a, lui, signifié à l'AFSSAPS son « lien » avec les laboratoires Servier. « Un lien », insiste-t-il, « pas un conflit ».
Le procès doit s'achever à la fin du mois d'avril.
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