Le Généraliste. La mesure de la PA à la consultation est-elle encore justifiée ?
Dr Thierry Denolle. Ne remisons pas trop vite nos tensiomètres qui restent utiles ne serait-ce que pour vérifier la PA devant des céphalées ou un traumatisé, et vérifier l'absence d'hypotension orthostatique. Dans la prise en charge d'une HTA, la mesure de la PA au cabinet garde toujours sa valeur en terme de dépistage, mais une fois l'HTA repérée, il est clair maintenant qu'elle n'est plus le pivot de la décision thérapeutique. Il faut désormais recourir aux techniques plus fiables et reproductibles que sont la MAPA et l'automesure qui nous apportent des renseignements pronostiques bien supérieurs.
Peut-on comparer automesure et MAPA ?
Dr T.D. Divers articles ainsi que les recommandations britanniques ont considéré que la MAPA était supérieure à l'automesure, mais sans répondre réellement à la question de savoir quelle est celle qui a la meilleure valeur prédictive pronostique. Les deux techniques apportent des renseignements complémentaires; ainsi PAMELA a montré que chacun des trois outils de mesure amène un élément pronostique un peu indépendant, et que le pronostic est d'autant moins bon que l'HTA est retrouvée par un plus grand nombre de ces outils. Il ne faut pas opposer les deux techniques, qui se complètent : la MAPA donnant des informations sur la variabilité tensionnelle et la PA nocturne, l'automesure plus axée sur l'évolution de la PA au long terme, surtout mieux acceptée, à moindre coût et participant à l'éducation thérapeutique.
Que faire en cas de discordance entre ces techniques ?
Dr T.D. Il y a quelques années, les Anglo-Saxons conseillaient de faire une MAPA en cas de discordance entre automesure et PA de consultation, ce qui serait bien trop lourd et en pratique irréalisable. Et cela ne se justifie plus maintenant que l'automesure a montré une valeur pronostique au moins comparable à la MAPA qui ne doit plus être présentée comme le gold standard absolu.
Quelle est la place de la MAPA aujourd'hui ?
Dr T.D. La question qui se pose est en fait de savoir : quand a-t-on besoin d'explorer plus précisément la variabilité tensionnelle au cours du nycthémère ? Ce peut être lorsque la PA est extrêmement variable et que l'automesure ne permet pas de l'expliquer, ou dans une HTA résistante pour connaître les moments où la PA est mal contrôlée et mieux répartir les prises de médicaments, ou vérifier en particulier dans certaines HTA secondaires s'il n'existe pas une inversion du rythme nycthéméral car il est bien démontré que les patients dont la PA nocturne est élevée sont à plus haut risque. Finalement ces situations ne sont pas très fréquentes. La MAPA devrait être aussi théoriquement utilisée si l'automesure est impossible à obtenir, mais les études montrent que finalement il est rare que les patients même âgés ou leur famille ne puissent utiliser les appareils d'automesure.
Article précédent
Un consensus sur l’HTA de l’obèse
Traiter à bon escient l’HTA des sujets âgés
L’HTA, facteur d’accélération
Un consensus sur l’HTA de l’obèse
« MAPA et automesure amènent de meilleurs renseignements pronostiques »
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature