Le Généraliste. Dans votre pratique quotidienne, comment appréhendez-vous la maladie d’Alzheimer avec vos patients ?
Jean-Jacques Richardot. Au moindre symptôme d’alerte, je fais un minimum d’explorations. En soi, le diagnostic de la maladie d’Alzheimer est très difficile à poser. En revanche, celui de démence au sens large est plus simple. Il y a des outils très pratiques comme le test de l’horloge qui est un signe très sensible, mais assez peu spécifique. Il faut à peine deux minutes pour le faire. Si la réponse est anormale, on ne peut pas dire que la personne est démente et encore moins qu’elle est atteinte de la maladie d’Alzheimer. Mais on peut estimer que quelque chose se passe et qu’on va probablement aller dans les mois ou les années qui viennent vers une démence.
Quels sont les autres outils ?
J.-J. R. Le test MMSE est très pratique, une fois que l’on se l’est approprié. Souvent, les généralistes ne le font pas parce qu’ils n’ont pas l’habitude et qu’ils pensent que c’est long. À force de l’utiliser, je le connais par cœur! J’ai dans ma mallette un carton où est inscrit « fermez les yeux » et où sont imprimés les polygones utilisés dans le test. Je peux donc même le faire ex abrupto, même en visite. Si on n’a pas encore l’habitude de le pratiquer, je pense qu’on peut prévoir une consultation spécifique pour tester la mémoire de son patient.
Comment passe-t-on la main ensuite ?
J.-J. R. Il est vrai que les rendez-vous chez un neurologue ne sont pas toujours immédiats. Ceci dit, il ne s’agit pas d’une urgence au même titre qu’une urgence cardio-vasculaire ou une méningite. On peut se permettre d’attendre un mois ! Pour gagner du temps, le généraliste peut demander tout de suite un scanner voire une IRM et prescrire les examens biologiques.
Comment faire l’annonce du diagnostic ?
J.-J. R. Quand il s’agit d’un début de démence, il faut y aller très prudemment et tâter le terrain. Le diagnostic ne s’annonce sûrement pas dès les premières consultations. C’est très différent de l’annonce d’un cancer curable par exemple. On peut dire « cela pourrait être une maladie d’Alzheimer » ou « on va vous donner des médicaments utilisés dans la maladie d’Alzheimer, mais qui marchent aussi pour les symptômes que vous avez ». À mon sens, l’annonce peut être faite par le généraliste ou par le spécialiste, si le premier ne le sent pas.
Le plan Alzheimer prévoit la mise en place de coordonnateur de la prise en charge, différent du médecin traitant. Qu’en pensez-vous ?
J.-J. R. Le médecin traitant est le pivot du système. Je ne vois pas pourquoi il ne serait pas le coordonnateur de la prise en charge de la maladie d’Alzheimer, alors qu’il peut l’être pour une pathologie cardiaque ou cancéreuse. C’est pourtant lui qui fait la synthèse de toutes les informations sans pour autant empiéter sur les compétences des médecins spécialistes. Ceci dit, il faut qu’il se forme. Aujourd’hui, les recommandations de la HAS ne sont pas encore connues des généralistes, tout simplement parce qu’ils n’ont pas la main sur le traitement.
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