En matière d’observance l’asthme pourrait bien avoir le bonnet d’âne. Avec , selon plusieurs enquêtes basées sur le renouvellement des ordonnances, des taux proches des 30 % voire stagnant sous la barre des 15 % dans les travaux les plus pessimistes.
Pour le Pr Alain Didier (service de Pneumologie, CHU de Toulouse) plusieurs raisons peuvent expliquer cet état de fait. Premier constat : « L’asthme est une maladie qui n’est pas toujours symptomatique, avec des périodes de rémission et une certaine saisonnabilité, qui peuvent pousser les patients à aller d’eux-mêmes vers des traitements intermittents ». De plus, il existe un phénotype particulier dans lequel les patients n’ont aucune sensation de dyspnée ni d’obstruction bronchique. « Ces “mauvais percepteurs” sont à repérer car ils évaluent très mal leur état, minorent volontiers leur traitement et se retrouvent facilement aux urgences » alerte le Pr Didier.
Corticophobie
Autre facteur d’inobservance dans l’asthme, la corticophobie a la vie dure, avec encore de nombres réticences y compris pour les corticoïdes inhalés. La voie d’administration pèse aussi dans la balance,
« beaucoup de patients ayant l’impression qu’un traitement inhalé n’est pas un vrai traitement ». Des études récentes montrent d’ailleurs que les rares médicaments oraux de l’asthme sont généralement mieux suivis que les traitements inhalés.
Une enquête présentée en 2014 lors du congrès de la SPLF pointe aussi une certaine fatalité vis-à-vis de la maladie : « Les asthmatiques sont souvent issus de familles d’asthmatiques et considèrent leur maladie comme un mal inévitable avec lequel il va falloir composer ».
Face à ces différents écueils, « on revient aux bases de l’éducation thérapeutique pour apporter au patient une bonne compréhension de sa maladie et de son traitement. Et pour lui permettre, le cas échéant, d’exprimer ses craintes et ses réticences vis-à-vis du traitement ».
Une approche payante semble-t-il, plusieurs études ayant montré un bénéfice à la fois en terme de taux d’exacerbation, de recours aux urgences et d’hospitalisation. À condition que les patients… soient observants à l’éducation thérapeutique. Or, dans l’asthme, « les patients qui sont souvent jeunes et actifs, n’adhèrent pas facilement au programme d’ETP. Et au final ce sont généralement les patients déjà les plus observants que l’on retrouve dans ces programmes », regrette le Pr Didier qui plaide plutôt pour une ETP
sur mesure où le médecin ferait « un peu d’éducation à chaque consultation ».
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