Diabète

« Créer du symptôme »

Publié le 13/02/2015
Article réservé aux abonnés

Crédit photo : VOISIN/PHANIE

Aujourd’hui, le médecin doit partager l’idée avec la personne diabétique que « les difficultés à suivre les traitements (DAST) sont normales, explique le Pr Agnès Hartemann (service de Diabétologie, GH Pitié-Salpêtrière, Paris). Cet acronyme a supplanté celui de compliance et sa connotation morale ».

Parmi les facteurs de difficultés à suivre, les traitements dans le diabète de type 2, l’absence pendant des années de tout symptôme ne permet pas à la personne d’intégrer la présence d’un problème de santé et donc de se soigner. Des glycémies au bout du doigt peuvent alors l’y aider en « créant du symptôme ». Par la suite, l’autosurveillance la motive à être active dans sa maladie et favorise l’adhésion au traitement. « En constatant par eux-mêmes les bénéfices d’un médicament, d’une activité physique, etc., ils entameront le travail d’acceptation indispensable à l’adhésion au traitement », poursuit-elle. De plus, l’apparition d’une complication, symptomatique ou non, est une étape clé à ne pas manquer qui peut enclencher une prise de conscience de la présence de la maladie. Une photographie d’un fond d’œil par exemple permet de « voir du symptôme apparaître ».

Liberté de choix

Un autre levier pour améliorer l’adhésion au traitement est de laisser la liberté de choix au patient entre les différentes manières de se soigner et de lui faire tester de manière active les traitements – avec la possibilité de les stopper – pour qu’ils se les approprient car « lorsqu’on se sent libre d’arrêter un médicament on peut paradoxalement le prendre plus facilement », observe la spécialiste.

L’approche est totalement différente dans le diabète de type 1. Là, l’annonce est un choc et la manière dont est annoncée la maladie joue sur l’acceptation des contraintes considérables et l’adhésion future aux prescriptions. D’où la nécessité d’un cadre rassurant, d’une acceptation progressive des contraintes, de l’assurance que les projets de vie seront à peine modifiés. Ceux qui ne font pas ce « travail de deuil » de la situation antérieure et de la vie sans la maladie sont en grand danger (20% des diabétiques de type 1). « Ils ont probablement une fragilité narcissique qui les empêche d’intégrer la maladie dans leur identité et n’ont de cesse de vouloir être “ comme avant ” ou “comme les autres”, détaille-elle. Chez eux, faciliter l’adhésion au traitement passe par un soutien fort, sans culpabilisation ni menaces de complications ou de dramatisation. »

Hélène Joubert

Source : Le Généraliste: 2709