Que s'est-il passé avec les masques ? Aurait-on pu sauver des vies dans les EHPAD ? Le confinement a-t-il été trop tardif ? La commission d'enquête devait s'ouvrir mardi devant l'Assemblée nationale afin de disséquer les « défaillances » dans la gestion de la crise du coronavirus.
Ministres, dirigeants d'agences sanitaires et d'administrations aux manettes (ces derniers mois mais aussi ces dernières années) doivent se succéder pendant plusieurs semaines devant les députés pour analyser cette crise. La présidente de la commission des affaires sociales Brigitte Bourguignon (LREM) préside cette commission d'enquête.
Plus de 29 000 morts, lourd bilan
Alors qu'Emmanuel Macron a fait l'éloge dimanche soir de la gestion de la crise sanitaire, dont selon lui « nous pouvons être fiers », ce satisfecit a fait bondir l'opposition.
Le député LR Éric Ciotti, rapporteur de la commission d'enquête, a fustigé sur Twitter « un déni surréaliste sur le bilan sanitaire dramatique de la France », où l'épidémie a fait plus de 29 000 morts, le 5e bilan le plus lourd dans le monde. L'élu des Alpes-Maritimes assure ne pas vouloir « faire le procès de quiconque », mais identifier « les fautes, les failles et les dysfonctionnements majeurs » pour faire en sorte « que ça ne se reproduise pas ».
Il s'agit d'examiner « tous les éléments qui ont amené à ce retard à l'allumage » en « janvier, février, mars », a prévenu le député LFI Alexis Corbière, jugeant toutefois que la commission d'enquête « est entre les mains de ceux qui en raison de leur proximité politique ne créeront pas toutes les conditions pour que la lumière soit faite ».
Auditions sous serment
Les 32 députés de la commission évoqueront la gestion des stocks de masques, la stratégie en matière de tests, la prise en charge des résidents des EHPAD, où ont eu lieu plus du tiers des décès du Covid-19, la question des frontières, la tenue des événements culturels et sportifs ou la liberté de prescription médicale, a énuméré Éric Ciotti. Le manque de production en Europe de médicaments et d'équipements de protection devrait également être abordé.
Après le directeur général de la Santé (DGS) Jérôme Salomon (qui ouvre le bal ce mardi à 17h), la commission entendra mercredi l'ancien patron de Santé publique France François Bourdillon, puis Geneviève Chêne, qui lui a succédé en novembre.
Jeudi aura lieu l'audition de Jean-François Delfraissy, le président du conseil scientifique dont les avis ont incité le gouvernement à décréter le confinement puis guidé sa fin progressive. Devraient suivre deux anciens directeurs généraux de la santé. Puis devrait venir le tour des scientifiques, dont le Pr Didier Raoult, et des politiques, après le second tour des élections municipales, avec Agnès Buzyn, ex-ministre de la Santé, et plusieurs de ses prédécesseurs.
Pouvoirs élargis
La commission d'enquête dispose de pouvoirs d'investigation élargis : ses convocations sont obligatoires sous peine de sanctions pénales, les auditions se déroulent sous serment et ses membres peuvent réaliser des contrôles sur pièces et organiser des déplacements, par exemple dans un hôpital ou un EHPAD. Le Sénat a aussi prévu sa commission d'enquête, qui sera mise en place à la fin du mois.
Ces investigations politiques cohabitent avec la recherche d'éventuelles responsabilités judiciaires, puisque le parquet de Paris a ouvert de son côté une vaste enquête préliminaire sur la gestion de la crise, visant les chefs d'« homicides involontaires » ou « mise en danger de la vie d'autrui ».
Téléconsultation : un boom à confirmer dans le monde d'après
L'Institut Montaigne étrille la verticalité du pouvoir
Industrie pharmaceutique : Frédéric Collet reconduit à la tête du LEEM pour deux ans
Assurance-maladie : déficit record de 31 milliards en 2020, le trou de la Sécu se creuse à 52 milliards