Poussées de fièvre, allergies, maladies auto-immunes, etc.., de nombreuses situations incitent à différer voir à écarter certains vaccins. Pourtant les vraies contre indications à la vaccination restent rares. À condition, de respecter certaines règles…
« Trop souvent, nous constatons un retard dans le calendrier vaccinal des nourrissons en raison
de maladies virales banales accompagnées de fièvres plus ou moins élevées », regrette le Dr Marie-Aliette Dommergues, (service de Pédiatrie, CH de Versailles-Le Chesnay).
Pourtant en cas d’affection mineure fébrile, comme une rhinopharyngite, une otite, une laryngite ou une diarrhée, l’injection vaccinale peut être réalisée. Dans ces situations, « s’abstenir de vacciner un enfant constitue même une réelle perte de chance de protection », estime le Dr Dommergues. En revanche, en présence d’une maladie aiguë sévère, il est préférable de différer la vaccination, non pas pour des raisons d’inefficacité (la fièvre due à une infection aiguë n’impacte pas la réponse immunitaire post-vaccinale) mais parce qu’on risque de confondre la fièvre liée à l’injection avec les symptômes de la maladie. De plus, les manifestations de la maladie pourraient être considérées à tort comme des complications de la vaccination.
Chez l’enfant atopique, la crainte d’une réaction allergique peut aussi inciter à surseoir à certaines vaccinations, sans que cela soit toujours justifié. « Si des réactions allergiques plus ou moins graves, notamment de type immédiat, à certains constituants des vaccins ont été rapportées, elles sont rares », souligne le Dr Dommergues. Les principales substances en cause sont les protéines de l’œuf et la gélatine.
Concernant l’allergie à l’œuf, seuls doivent être considérés comme à risque, les patients ayant présenté une urticaire géante, un œdème de Quincke et des réactions anaphylactiques graves lors de la consommation d’œuf ou d’aliments à base d’œufs. « Il ne faut pas contre-indiquer un vaccin chez un enfant présentant un eczéma et chez qui des tests cutanés sont positifs pour l’œuf, surtout si cet enfant consomme de l’œuf sans présenter de réaction anaphylactique. » Les seuls vaccins contre-indiqués en cas d’allergie « vraie » à l’œuf sont ceux contre la grippe et la fièvre jaune. Les vaccins Rougeole, Oreillons, Rubéole, produits sur des fibroblastes embryonnaires de poulet, ne contiennent pratiquement pas de protéines aviaires et peuvent être administrés.
SEP et vaccin anti hépatite B : des données rassurantes
Concernant la vaccination des enfants porteurs de maladies neurologiques chroniques, la polémique « vaccin hépatite B-SEP » a suscité de nombreuses interrogations. Sur ce point, « les nombreuses études internationales ne retrouvent aucun lien de causalité entre vaccination anti-hépatite B et déclenchement d’une sclérose en plaques, réaffirme le Dr Dommergues. D’autres essais, portant sur un lien éventuel entre vaccination anti-hépatite B et déclenchement de poussées chez des enfants déjà atteints de maladies démyélinisantes ont abouti au même constat.?»
Chez les enfants atteints d’encéphalopathie convulsivante, les vaccinations peuvent entraîner une fièvre à l’origine de convulsions. Cependant, des maladies virales générant de fortes fièvres, comme la rougeole, peuvent déclencher des convulsions liées à la fièvre.
Ces enfants peuvent donc recevoir tous les vaccins, en prenant les précautions suivantes : phase de stabilité sur le plan des convulsions et traitement antipyrétique. La seule contre-indication concerne la valence coqueluche dans une situation précise : les enfants qui ont déclaré une encéphalopathie d’étiologie inconnue dans les sept jours suivant la vaccination anticoquelucheuse ne recevront plus jamais ce vaccin.
Maladies auto-immunes : évaluer le bénéfice-risque
La vaccination de patients atteints d’une maladie chronique à participation immunitaire demande quant à elle de déterminer le degré d’utilité de la vaccination envisagée et le risque potentiel de celle-ci afin d’évaluer le rapport bénéfice/risque. Quelle sera l’efficacité de la vaccination ? Cette stimulation immunitaire ne risque-t-elle pas de favoriser une exacerbation de la maladie ? « Ces questions sont pertinentes vis-à-vis de nombre de pathologies impliquant le système immunitaire telles que le lupus, le purpura thrombopénique, le diabète, le syndrome de Guillain Barré… A l’heure actuelle, aucune étude clinique ne fait craindre un risque accru d’exacerbation d’une maladie auto-immune par une vaccination, rassure toutefois le Dr Dommergues. Bien entendu, la vaccination doit être effectuée à distance d’une poussée de la maladie (quelques mois) et en tenant compte des traitements éventuels (corticoïdes, immunosuppresseurs…).