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Dossier

Pédiatrie

Tout se joue avant la naissance ?

Publié le 28/09/2012

Maladies cardiovasculaires, cancers, allergies… Selon la théorie de l’épigénétique, de nombreuses pathologies pourraient être favorisées par des interactions très précoces entre gênes et environnement. Explications.

L’histoire commence outre-Manche dans les années 1980… Interpellé par la survenue de maladie cardio-vasculaires et notamment d’infarctus, chez des sujets a priori sans facteur de risque, l’épidémiologiste britannique David Barker cherche à comprendre. Et découvre que ces maladies pourraient en fait être favorisée par des événements survenus beaucoup plus tôt dans la vie des patients, notamment lors de la grossesse. Avec en particulier, un lien entre nutrition maternelle, malnutrition fœtale, retard de croissance intra-utérin et risque cardiométabolique.

Naît alors l'hypothèse dite « de Barker », plus connue aujourd'hui comme DOHaD (Developmental Origins of Health and Disease – origines développementales de la santé et des maladies) selon laquelle des modifications très précoces au cours de la vie pourraient modifier de façon durable l'activité d'un certain nombre de systèmes. En d'autres termes, certaines influences à un stade critique du développement pourraient laisser une « empreinte » définitive, via un impact sur l’expression des gènes.

Des travaux ultérieurs ont ensuite montré que si les facteurs environnementaux ne changent pas la séquence de l'ADN, ils modulent l'expression des gènes – de façon transitoire ou permanente – en modifiant la conformation de la chromatine. Par des mécanismes de méthylation/déméthylation, phosphorylation/déphosphorylation..., de la molécule d'ADN mais aussi des histones, la chromatine est plus ou moins condensée, et donc les gènes plus ou moins accessibles à la transcription, et ainsi plus ou moins exprimés. C’est l’épigénétique.

Si David Barker a lancé son hypothèse à partir d'études épidémiologiques portant sur l'alimentation de la mère pendant la grossesse, et sur les conséquences quant à la survenue ou non de maladies métaboliques chez le futur adulte, la recherche aujourd'hui s’ouvre sur des domaines plus vastes et suggère que le champ de l’épigénétique pourrait être bien plus large.

L'environnement impliqué ne serait pas seulement la nutrition de la mère, mais aussi celle du père. le stress , la pollution, etc. La période pendant laquelle les marques épigénétiques s'inscrivent ne serait pas uniquement celle de la grossesse, mais commencerait bien plus tôt dans la vie des deux parents, et se poursuivrait après la naissance de l'individu. Les maladies métaboliques ne seraient pas les seules pour lesquels les changements précoces de l'environnement induiraient une susceptibilité, et de nombreuses maladies chroniques (cancers, des maladies neurodégénératives, du comportement, de la reproduction, du système immunitaire, pulmonaires ) de l'adulte pourraient être concernées.

Reste à confirmer ces hypothèses, avant de pouvoir peut-être un jour proposé des actions de prévention dès la conception, voir encore plus en amont …