Alors que le VIH est mal dépisté en milieu carcéral, la réduction des risques, qu’il s’agisse de drogues injectables (RDRD) ou de relations sexuelles (RDRS), n’est pas implémentée, en dépit des lois en vigueur. En 2018, le Conseil national du sida et des hépatites virales (CNS) pointait les manquements de la prévention du VIH en prison. En 2024, « rien ne s’est amélioré » s’afflige le Dr Benjamin Silbermann, responsable médical à la prison de la Santé (Paris). « Les unités sanitaires (US) des prisons manquent cruellement d’infirmiers et de médecins. Cela les empêche de mener des actions de prévention et d’éducation, qui font pourtant partie de leurs missions », alerte-t-il. En cause, les budgets, calculés en fonction des places dans un établissement et non du nombre réel de détenus.
Pourtant inscrite dans la loi de 2016, la mise à disposition de matériel d’injection stérile n’est pas effective. Alors que l’usage de drogue en prison bondit, « l’administration pénitentiaire est frileuse à l’idée de rendre des seringues accessibles aux détenus, déplore le Dr Silbermann. Pourtant, en Espagne ou en Suisse, où les programmes de RDRD sont mis en œuvre depuis des années, aucun incident par agression n’est à déplorer ». De l’eau de Javel, méthode de stérilisation peu efficace, est distribuée sans plus d’explications. La RDRS, elle non plus, n’est pas systématique. Théoriquement interdite, « la sexualité existe entre les personnes détenues, consentie ou non », rappelle pourtant le CNS. Les préservatifs ne sont pas proposés dans tous les lieux communs (par exemple le parloir) et l’administration pénitentiaire ne veille pas au maintien des stocks. C’est l’unité sanitaire qui finit par s’en charger.
Quant à la prophylaxie post-exposition, les détenus peinent à obtenir un rendez-vous à l’unité sanitaire en urgence dans les 48 heures, faute de pouvoir justifier auprès des surveillants des pratiques interdites et sanctionnables.
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