La note à un décideur, la note de politique, ou encore le policy brief des Anglo-Saxons permettent d’informer et d’influencer correctement ceux qui sont en charge de la décision politique. Ce mode de communication est insuffisamment utilisé. Outre la cible des décideurs, le policy brief est destiné aux journalistes et médias voulant expliquer des données de recherche à un public.
Dans ma carrière, j’ai fait des formations à la rédaction de ces notes en Afrique noire anglophone pour l’OMS, en Asie pour des organismes de recherche, et en France pour une agence publique. Communiquer à un décideur, à des patients ou encore à nos pairs, c’est différent. L’esprit critique des décideurs et le niveau de littératie de la population n’étant pas suffisants, c’est au rédacteur de s’adapter.
Qu’est-ce qu’un bon « policy brief » ?
Les données probantes sont essentielles pour orienter la prise de décisions en santé. Ces données ne doivent pas être confondues avec les émotions, les croyances qui, encore de nos jours, influencent fortement des décisions.
Le policy brief renforce la crédibilité et la confiance dans la science tout en contribuant à la décision. Les données, obtenues selon des méthodes rigoureuses et validées, ne répondent pas à toutes les questions. Elles peuvent être complétées par un recours à l’expertise. Une évaluation et un jugement collectifs, les expériences professionnelles des experts apportent des perspectives utiles, si les liens d’intérêts sont maîtrisés.
L’esprit critique des décideurs n’étant pas suffisant, c’est au rédacteur de s’adapter
Qui est le « décideur » ? Ce mot générique désigne toutes les personnes devant orienter une décision qui va impacter une communauté. La plupart des décideurs n’ont pas de formation scientifique et n’ont pas été confrontés aux processus de recherche. Ils connaissent mal les méthodes permettant d’apporter une réponse probante à une question. Ils doivent comprendre que la recherche est nécessaire pour construire la science. La recherche a besoin de temps, ce qui est incompatible avec l’immédiateté de la décision. Les décideurs sont les personnels des ministères, des administrations et autres organisations concernées par la science (climat, environnement, santé, nucléaire, économie, etc.). Citons par exemple les responsables des municipalités, des établissements de santé, des agences régionales de santé… et la liste est longue. Ce sont autant des décideurs locaux, régionaux que nationaux.
Le policy brief doit être structuré, adapté à l'objectif et au destinataire, et homogène au sein d’une organisation. Les phrases sont courtes pour rendre les concepts scientifiques accessibles et compréhensibles par le public. Si l’IA générative facilite la rédaction, une vérification humaine est essentielle pour garantir la qualité et l’intégrité du contenu. L'IA va-t-elle permettre de mieux développer ces modes de communication ? Je l'espère.
À adapter selon le contexte…
Il y a la note pour un décideur qui répond à une question en une page. Ministre ou directeur d’administration, il n'a pas le temps de lire le verso d’une note. La question est précise et la réponse consiste en deux ou trois options, pour laisser le lecteur choisir sa décision. Les bénéfices et risques liés à chaque option sont expliqués, sans cacher l’incertitude. L'argumentaire est bref et mis après la réponse.
Je rêve de policy briefs qui permettraient aux politiques de préparer leur programme santé pour les prochaines élections
Il y a la note pour un décideur qui reprend une recherche sous le forme d'un PDF de quatre voire six pages, en couleur, en accès libre, avec un plan et une mise en page adaptés. Il s’agit alors de présenter un programme de recherche avec ses enseignements. Chaque institution a ses pratiques. Regardez ce que fait l'Unesco avec So What ?, l'OMS avec des formats adaptés aux zones géographiques, l’Agence française de développement, et aussi le Cirad avec Perspective.
Je rêve de policy briefs qui permettraient aux politiques de préparer leur programme santé pour les prochaines élections. Plutôt que d’insister sur des informations du type « les pesticides sont dangereux » (c’est vrai), ils devraient considérer les méfaits du tabac, de l’alcool, de la sédentarité, voire de la désinformation en santé.
Avec des collègues, nous avons publié une synthèse de ces pratiques sur https://www.redactionmedicale.fr : Le « policy brief » en santé : savoir correctement influencer un décideur avec intégrité
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